Seule à pied vers Jérusalem

   Aliénor a découvert le voyage et la marche à 23 ans, lors d'un premier périple de plusieurs mois en Amérique latine. Ses rêves d'aventure, nourris par des années de lecture, ont alors pris corps pour la première fois. Un séjour de deux ans en Bolivie, la découverte émerveillée de la montagne et un pèlerinage à Compostelle viennent ensuite nourrir ce goût pour l'itinérance.

COUP DE COEUR - 123 LOISIRS, Valérie d'Aubigny, mars 2024 : lire l'article en entier

   [...] La traversée de la France met en jambes et à partir de l’Italie, les langues, peuples, sols et paysages, se dévoilent dans leur variété et leur pauvreté qui est parfois une richesse. L’accueil chaque fois différent, parfois totalement « indifférent » – mais c’est tellement rare -, est un témoignage de charité, toutes cultures confondues. Les discussions d’un soir avec des inconnus qui ouvrent leur table et leur maison à une passagère (presque) sans bagage, sont d’une qualité et d’une profondeur confondantes.

   « La solitude la marche n’est supportable que parce qu’elle est émaillée de rencontres ». Aliénor de la Blache raconte avec simplicité, humour, sans cacher les moments très durs. Et puis, un beau jour, c’est le but du voyage… Là encore l’expérience contrastée est riche d’enseignement.

ZELIE, Solange Pinilla, mars 2024 : 

   Mai 2017. Aliénor Vidal de La Blache sort de chez elle. Elle part pour neuf mois, à pied jusqu’à la ville sainte, Jérusalem. Un an et demi plus tôt, elle avait assisté au festival Les Écrans de l’aventure, et pris la décision de partir, elle aussi. En lisant ce récit où Aliénor traverse la France, l’Italie, la Slovénie, la Bosnie, le Monténégro, l’Albanie, la Grèce, avant d’arriver par bateau puis avion en Israël, on comprend ce qui l’a poussée à quitter une vie parisienne trop bruyante. Elle se sent rarement aussi bien qu’au milieu des montagnes sauvages, elle évite les routes et aime discuter avec les habitants des villages reculés.

   Aliénor traverse de nombreuses épreuves - des douleurs physiques, une météo parfois hostile ou encore une agression -, mais rien ne l’arrête totalement. Elle prie le chapelet, lit de nombreux ouvrages, écoute les oiseaux et le bruissement des petits animaux. En Albanie, les habitants sont si accueillants qu’elle n’a jamais dormi sous la tente. Le voyage est rempli d’imprévus... mais surtout de beauté. 

   Un matin de printemps, Aliénor enfile ses chaussures de randonnée, attrape son sac à dos et ferme la porte de son appartement parisien. Frustrée par une vie qui ne répond pas à ses attentes, elle décide de tout quitter pour vivre une grande aventure: celle dont elle rêve depuis qu'elle est enfant.

   À cette soif d'aventure fait écho une petite voix intérieure : comment laisser une plus grande place au silence, à la beauté, à la fraternité de la rencontre ? En mettant ses pas dans ceux des pèlerins qui, depuis plusieurs siècles, ont marché vers la Terre sainte, Aliénor part seule et demande l'hospitalité tout au long du chemin.

   Elle vit huit mois de joies, d'épreuves, de dépouillement et d'abandon à la Providence. Huit mois pour comprendre que ses forces et ses fragilités sont les deux jambes qui lui permettent d'avancer, que la beauté se niche dans l'infiniment petit et au coeur de l'imprévu. Huit mois aussi pour s'apercevoir que Dieu était là, à ses côtés, depuis ses premiers pas sur la route.