L'union à Dieu d'après les lettres de direction de Dom Columba Marmion

Dom Marmion avait ce don d’écrire non seulement d’après la connaissance qu’il avait acquise par l’étude, mais toujours d’après l’expérience de son âme. Il montrait Dieu aux autres tel qu’il Le connaissait lui-même. Quand il parlait d’union avec Dieu, des éléments et des conditions de cette union, il révélait, sans le vouloir, la marche et le développement et la perfection de sa propre vie spirituelle. C’est là sûrement un des secrets de l’influence de ses livres sur tant d’âmes appartenant à des pays et à des écoles divers, âmes de laïques aussi bien que de religieux. Elles savent qu’elles lisent l’enseignement non d’un maître, mais d’un homme qui a lui-même peiné et travaillé, et ne songe pas à les dominer, mais reste côte à côte avec elles.

Et une seconde caractéristique de dom Columba Marmion dérive de cette manière d’être. Il voyait le côté lumineux de chacun et de chaque chose, et ne pouvait souffrir qu’il fût obscurci. Une âme pouvait être en détresse, mais il n’acceptait pas qu’elle y restât ; des peines pouvaient survenir de l’extérieur, mais il y voyait toujours la main de Dieu. Le péché lui-même était envisagé par lui d’une façon tout à fait personnelle. Il ne s’appesantissait pas sur lui, estimant qu’il fallait penser à des choses beaucoup plus importantes.

Quand le péché nous surprend, débarrassons-nous-en aussi vite que possible, semblait-il dire, et marchons de l’avant vers le mieux. Sa simplicité naturelle l’aidait ici et aidait les autres, grâce à une sorte de vue intérieure qu’il avait des âmes. Dom Columba n’avait que faire du péché dans sa belle vie droite et ne laissait pas les autres s’attarder sur lui, pas même pour s’en désoler d’une manière excessive ou s’abandonner à une crainte désordonnée. Si le pécheur tient à verser des larmes, que ce soit sur les souffrances de Jésus, en s’oubliant lui-même. Si la crainte veut s’emparer de lui, que ce soit la crainte d’un enfant aimant devant un Père plein d’amour, non la peur d’un coupable qui ne pense qu’à sa misère.

Tels furent les dons possédés par ce saint religieux et qui lui ont donné l’accès de tant de cœurs.