Ecrits de Tours

   Après la grande Jeanne de Chantal (1572-1641), fondatrice de l’ordre de la Visitation, une autre femme exceptionnelle, sa contemporaine : Marie de l’Incarnation (1599-1672). Celle que Bossuet, par référence à Thérèse d’Avila, n’hésita pas à appeler " la Thérèse de nos jours et du Nouveau Monde ".

   Une femme d’action, une véritable aventurière de la foi. Veuve à 20 ans, elle n’hésite pas à assumer la gestion de la fabrique familiale, puis celle de l’entreprise de son beau-frère. À quarante ans, elle quitte la France pour le Québec. Là où elle va, il n’y a guère plus alors de 200 colons. Les guerres, les massacres, les incendies ne parviendront pas à la détourner de cette folle aventure : créer un couvent dans ce qui n’est encore qu’un brouillon du Far West…

   C’est un trait frappant de sa personnalité que sa capacité à conjuguer l’activité la plus intense et la spiritualité la plus contemplative. L’extraordinaire équipée de Marie de l’Incarnation en terre huronne et iroquoise a si fortement frappé les imaginations que sa mémoire y est restée largement attachée, reléguant au second plan ce qui constitue pourtant le plus précieux de la personnalité de cette autre Thérèse d’Avila : son oeuvre spirituelle. Or, sa période de " femme d’affaires ", à Tours, entre 1622 et 1634, est aussi celle de ses grandes expériences mystiques.

   Des précieuses lettres écrites alors à son directeur pour lui rendre compte de ses révélations, on a cru longtemps qu’il ne nous restait rien. Les recherches de Dom Jamet ont cependant permis de restituer un ensemble important de ces textes de toute première importance : Les Écrits de Tours. On y lit, dans un langage plein d’élan et de ferveur, l’émerveillement et la perplexité de la jeune femme soudain comblée de telles grâces. C’est l’incomparable richesse et l’intense fermentation spirituelles de ces années que nous avons voulu présenter dans ce petit livre.