Au travers de douze courts récits, l'auteur dépeint avec ironie les diverses hypocrisies qui sous-tendent les arguments en faveur de l'euthanasie.
- Un livre publié lors des débats sur l'euthanasie en France
- Un recueil de nouvelles légères sur un sujet pesant
- Un cri d'amour pour la vie
TOCSIN, vidéo, 22 mai 2024 : Rire contre l'inhumanité de l'euthanasie ! - Matthieu Noli
LE SALON BEIGE, Michel Janva, mai 2024 :
[...] Vous publiez donc 12 petites Chroniques euthanasiques pour dénoncer ce que Anna Harendt qualifiait de “banalité du mal”. Pensez-vous que, comme l’avortement, l’euthanasie, une fois légalisée, deviendra un acte banal ?
- J’ai bien peur que ce qui était impensable jadis et scandaleux il n’y a pas si longtemps devienne une réalité d’une triste banalité dans les temps qui viennent et que cela soit autorisé et encouragé par une propagande dégoulinante de bons sentiments comme on en voit trop à l’heure actuelle. Cela ne veut pas dire que je ne suis pas sensible à la détresse de ceux qui accompagnent un parent en grande souffrance – pour l’avoir vécu moi-même pendant près de vingt ans, je suis parfaitement conscient du déchirement, de l’impuissance et de la culpabilité que cela suscite – mais je trouve que la corde de l’émotivité est une ficelle trop usée. Enfin, même s’il est question comme pour l’avortement du respect que l’on doit à une vie naissante ou finissante, je me garderais de mettre ces deux sujets sur le même plan ne serait-ce que parce que comme le dit très justement Claire Fourcade, présidente de la SFAP (société française d’accompagnement et de soins palliatifs), « personne ne sera obligé de se faire euthanasier mais tout le monde sera obligé d’y penser ».
Vos chroniques grinçantes dénoncent l’hypocrisie des partisans de l’euthanasie qui, au nom du bien mourir, cherchent, selon les cas, à faire des économies, à hériter, à gagner de l’argent… Finalement, l’euthanasie n’est-ce pas le stade suprême du capitalisme ?
- Tout d’abord, je ne suis pas d’accord avec les partisans de l’euthanasie qui considèrent que mourir mieux, c’est mourir vite. Et puisqu’on en est à parler de vitesse, je trouve qu’il n’y a rien de plus sinistre que cette volonté d’accélérer les choses en partant du principe « pourquoi attendre quand il n’y a rien à attendre ? » Eh quoi, les personnes âgées n’auraient-elles rien à nous apporter dès lors qu’elles ne produisent plus, qu’elles consomment peu et qu’elles n’investissent pas ? J’ajoute que je trouve parfaitement indécent que des hommes politiques de gauche se mobilisent pour l’euthanasie quand on songe que ce seront les moins riches qui seront les plus encouragés à se faire euthanasier pour toutes les raisons que vous évoquez. De la même façon, les considérations financières qui pourraient conduire une personne à avoir recours à une euthanasie me semblent particulièrement glauques et laissent présager des conflits familiaux explosifs. Cela étant, je tiens à rester à ma place : ce n’est pas en tant que polémiste que j’ai écrit ces Chroniques sinon en tant que romancier qui prend un fil dans ce qu’il voit de la vie et qui tire dessus pour voir jusqu’où l’on peut aller. Et quand on constate les dérives de l’euthanasie dans les pays où elle a été légalisée (Pays-Bas, Belgique, Canada), on s’aperçoit que cela peut aller très loin malheureusement.
ALETEIA, Xavier Patier, mai 2024 : Lisez Matthieu Noli, vous aurez moins envie de mourir !
Ces chroniques euthanasiques qui portent la plume dans la plaie.
Corriger les lois sociétales en riant comme le tente le romancier Matthieu Noli avec ses "Chroniques euthanasiques" (Salvator), n’est-ce pas une option quand on a tout essayé ? Quand on ne peut pas se taire, plaide l’écrivain Xavier Patier, le rire peut être un devoir.
Il fallait oser. Il arrive un moment où les arguments de la raison ne portent plus. C’est souvent le cas dans nos débats sur les lois sociétales : plus personne n’écoute. Plus personne ne convainc. Il ne reste que le choix de l’invective, du silence ou de l’humour. Dans un petit livre alerte et bien écrit, le romancier Matthieu Noli a choisi l’humour. Faire de l’humour sur l’euthanasie : il a osé. Faire rire pour corriger les mœurs, castigat ridendo mores, corriger les lois sociétales en riant, c’était déjà la devise de la troupe de Molière. Elle reste particulièrement bienvenue à présent que les tartuffes ont changé de camp.
Chroniques euthanasiques
Matthieu Noli, donc, a publié aux éditons Salvator un recueil de nouvelles qui porte la plume dans la plaie de notre société. Les histoires racontées se déroulent dans un futur proche, alors que l’euthanasie et le suicide assisté ont été légalisés. Et tout se passe très bien. Et la société française se sent mieux. On découvre une vieille dame dépendante, propriétaire d’un appartement parisien qui, sous la pression de sa descendance et de son conseiller fiscal, se laisse convaincre de céder sa place dans ce monde terrestre en acceptant par amour — au sens le plus bourgeois qu’on peut donner à ce mot : par amour patrimonial — de se faire euthanasier. Impossible de résister à la pression. La cérémonie est minutieusement préparée. Elle est émouvante. “C’était un moment à la fois joyeux et triste parce que c’est toujours mieux de savoir que notre dignité sera rigoureusement respectée.”
Avons-nous le droit de rire de tout ? Il arrive que nous en avons le devoir.
Il y a ce médecin amoureux dont la bien-aimée doit annuler le rendez-vous galant car elle a prévu ce jour-là de recourir au suicide assisté. Il y a la déprime du soignant lassé de manier la seringue létale et que des médicaments sont sensés consoler. Il y a ce départ à deux d’un couple de bobos qui avait programmé une fin de vie assistée et concomitante, à faible bilan carbone, mais dont l’un des deux finit par avoir peur. Lady first, Madame part la première. Monsieur ne veut pas la suivre. Il y a ce conseil d’administration d’un groupe gérant des Ephad privés : “On ne va pas se mentir, les chiffres sont mauvais.” La légalisation de l’euthanasie a vidé les maisons de retraite et fait la fortune des sociétés de pompes funèbres. Dans une société où la mort n’est plus refoulée comme aujourd’hui, mais transformée en marqueur du progrès, il faut changer de modèle économique. Les soignants se font croque-morts. La crémation remplace la conversation. Nouveaux usages, nouveaux métiers. Il y a encore d’autres récits de ce genre, tous édifiants.
L’Église ne peut pas se taire
Avons-nous le droit de rire de tout ? Il arrive que nous en avons le devoir. Montrer l’ignominie de la culture de mort qui ne cesse de prendre le pouvoir dans notre monde ne peut plus se faire par des leçons de morale : il faut émouvoir autrement. Notre Sainte Église, sur les sujets sociétaux, reste marquée par une interminable série d’humiliations : elle s’est battue contre la loi Naquet de 1875 instaurant le divorce avant de la défendre quand il s’est agi de l’assouplir ; elle a successivement condamné puis défendu la loi Veil qui se bornait à dépénaliser l’IVG, combattu puis défendu le PaCs, lutté contre la loi Leonetti qu’elle défend aujourd’hui. Ce combat en retraite peut sembler désespérant et cependant l’Église sait qu’elle n’a pas été instituée par la Christ pour séduire le monde mais pour lui dire la vérité. Elle doit rendre compte de l’espérance qui est en elle à temps et à contretemps, sous les crachats. Non parce qu’elle possède la vérité, mais parce que la Vérité la possède. Elle ne peut pas se taire. Un peu de rire dans cette vallée de larmes ne peut pas nous faire de mal.
Avant d'aller manifester pour l'euthanasie, avez-vous pensé à rendre visite à votre grand-père ? Êtes-vous sûr de soutenir l'envie de mourir de votre vieille maman par altruisme pur ? Et quand cette nouvelle victoire politique aura eu lieu, le sentiment de triomphe suffira-t-il à rendre le monde meilleur ?
En douze nouvelles courtes et imagées, Matthieu Noli explore avec humour et légèreté les faux-semblants d'un débat biaisé.
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