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Claire Oppert - Le pansement Schubert
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Claire Oppert

Le pansement Schubert

Récit

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PRIX LITTERAIRE DES MUSICIENS - 2021 .

Quand la musique soigne.  Lorsqu'elle n'est pas auprès de ses élèves ou en concert à travers le monde, la violoncelliste Claire Oppert joue pour les personnes en fin de vie, les malades douloureux, les autistes ou ceux que l'on nomme les déments...

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LA CROIX 2021 : Le jour où la violoncelliste et art-thérapeute Claire Oppert a découvert le "Pansement Schubert"

   Les premiers accords d’une sonate de Brahms montent en douceur l’escalier en bois qui mène au salon. À l’étage du dessous, le mari de Claire Oppert, le pianiste franco-russe Roustem Saïtkoulov, répète avant un concert virtuel diffusé en direct depuis leur maison à Saint-Germain-en-Laye. « La musique résonne tout le temps chez nous. Elle est vivante », sourit-elle. Une lumière douce éclaire le visage de la violoncelliste assise avec élégance sur le canapé beige. Sa robe légère, rouge avec des pointes de doré, l’enveloppe jusqu’aux chevilles. Son « vieux compagnon », fabriqué en 1743, est rangé dans son étui face à elle.

 Tout à l’heure, elle donnera ici un cours particulier à Maxime, 14 ans. Ils se sont rencontrés le jour de son examen d’entrée au conservatoire. Maxime est devenu son élève à la minute où il lui a dit vouloir « jouer comme Rostropovitch ». Claire Oppert a longtemps considéré « le violoncelliste du siècle » comme « son dieu sur la terre russe et dans tout l’univers ». Elle a appris « à jouer comme lui » à Moscou.

   Loin du cocon familial Elle a 23 ans et le mur de Berlin va bientôt tomber. La jeune femme diplômée en philosophie entre à l’école de la perfection et, parfois, de l’humiliation : le prestigieux conservatoire Tchaïkovski. La vie en URSS, loin de son cocon familial avec vue sur la tour Eiffel, est dure. Pendant quatre ans, sa professeure, elle-même élève de ­Mstislav Rostropovitch, la « sculpte » autant qu’ellela « brise ». « Moi qui ai grandi dans la douceur, je n’ai jamais autant souffert, confie Claire Oppert. Mais j’ai aussi connu des moments de joie extraordinaires dans l’apprentissage. » De retour à Paris avec celui qui deviendra son époux et le père de ses trois enfants, elle hésite encore à faire médecine. Enfant, elle voulait être « écrivain-docteur » ou « musicienne-docteur ». Médecin comme son père, « génial et fantasque », artiste comme sa mère danseuse « qui avait fait de la beauté son rapport au monde », ou comme sa grand-mère américaine poétesse. « Une rencontre » va changer sa vie.

   La rencontre avec Howard Buten. En 1996, la concertiste assiste « par hasard » à un colloque « Art et médecine » à l’auditorium du Louvre. Howard Buten, le psychologue clinicien spécialiste de l’autisme, est sur la scène. Quelques semaines plus tard, elle retourne le voir, mais cette fois-ci il est grimé en Buffo. Elle entre dans la loge du clown et lui demande si elle peut travailler avec lui. La réponse arrive au dos d’une carte postale envoyée de Prague. Howard Buten l’invite dans l’institut médico-éducatif Adam-Shelton qu’il vient de créer en Seine-Saint-Denis. Pendant six ans, la musicienne virtuose joue pour des enfants et des adolescents qui souffrent de troubles du spectre autistique (TSA). La plupart ne parlent pas. Elle s’adapte musicalement aux réactions de joie ou de colère des jeunes, et petit à petit le contact s’établit. Les griffures se transforment en caresses. Le colosse face contre terre se redresse. Soulager la douleur Ils ont entendu la voix du violoncelle, celle qui a transpercé Claire Oppert lorsqu’elle avait 8 ans. « Elle va chercher les personnes au plus profond d’elles-mêmes, dans une partie intacte de leur être, et devient ma voix, leur voix » décrit-elle. Diplômée de la faculté de médecine de Tours en art-thérapie, elle démontre à travers des études cliniques que la musique vivante peut soulager les douleurs les plus intenses.

   « Le pansement Schubert » est né un lundi de printemps, il y a près de dix ans. Une femme, à l’étage des résidents déments dans un Ehpad à Paris, se débat. Deux infirmières tentent de lui faire un pansement. La vieille dame a mal mais elle se détend subitement lorsque Claire Oppert joue pour elle le thème de l’Andante du Trio op. 100 de Franz Schubert. La violoncelliste raconte ce moment dans un livre plein de poésie. Les chapitres dédiés aux rencontres en soins palliatifs sont bouleversants. Au chevet de ceux qui le souhaitent, elle joue des morceaux à la demande ou à l’instinct lorsqu’ils ne peuvent plus s’exprimer. Le souffle s’amplifie, les yeux s’entrouvrent, le désir de vivre – annihilé par la souffrance – renaît, les souvenirs remontent… 

RADIO FRANCE :  La vie dans ce qu’elle a de plus fragile, de plus têtu, de plus beau. 

FRANCE INTER, décembre 2023 : Claire Oppert est violoncelliste et soignante.

   En hôpitaux, soins palliatifs et instituts spécialisés, elle joue de son violoncelle auprès des patients. Elle a publié « Le pansement Schubert » aux éditions Denoël où elle raconte comment on en vient à soigner par les notes de musiques. Avec Claire Oppert Violoncelliste et art-thérapeute Claire Oppert est née dans une famille de médecin. A 8 ans, elle fait la rencontre du violoncelle, qui ne la quittera plus. Alors qu’elle doit choisir une voie, elle hésite entre médecine et musique, puis finira par réussir à concilier les deux. Après une licence de philosophie et une formation au conservatoire Tchaïkovski de Moscou, Claire Oppert décide de passer un diplôme universitaire d’art-thérapie.

   Au cours de celui-ci, elle effectuera une étude clinique sur les patients de l’hôpital Sainte Périne à Paris. Aux côtés de l’équipe soignante, elle joue de la musique aux patients de l’unité de soins palliatifs. La conclusion du chef de service est la suivante : dix minutes de Schubert équivalent à cinq milligrammes d’oxynorm, un puissant antalgique. Publicité Aux notes de violoncelles, les patients s’apaisent pendant leurs soins, dansent même, parfois. Claire Oppert a joué pour des enfants autistes, des patients en fin de vie, des personnes en EHPAD. Avec elle nous aborderons aussi l’actualité de la semaine et notamment la réouverture du débat sur la fin de vie.

   "10 minutes de Schubert = 5 mg d'Oxynorm. Mme Kessler est assise dans son fauteuil toute droite, avec son bras offert aux soins et, tandis que je joue pour elle en boucle le thème de l'andante du Trio op. 100 de Schubert, la lumière sur son visage est si intense qu'elle irradie en un flot étincelant toute la pièce, les infirmières et moi-même.

   Dehors, le chêne aux larges branches en reçoit lui aussi abondamment". Lorsqu'elle n'est pas en concert à travers le monde, ou auprès de ses élèves, Claire Oppert joue pour les personnes en fin de vie, les malades douloureux, les autistes ou ceux que l'on nomme les déments. La plume délicate et poétique, la musicienne raconte autant de rencontres uniques. Des hommes et des femmes que le chant du violoncelle apaise, stimule ou réconforte. Le moment musical au chevet des patients est un port abrité dans l'épreuve, temps suspendu propice à l'émergence des souvenirs. Il relie les êtres et témoigne de cette part vivante et intacte en chacun de nous.

Claire Oppert

Fiche technique

Reliure
Broché
Parution
2021
Nombre de pages
198
Hauteur
18
Largeur
11
Épaisseur
1.2
Poids
0.130 kg
ISBN
9782757892909

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