Belsat

« C’est un changement de civilisation ! » La ministre, les yeux humides, regardait en rêvant les plafonds de l’Assemblée. Les deux-tiers des parlementaires, croyant être devenus des dieux, la regardaient avec admiration et crainte à la fois, comme on regarde celui qui a l’audace et la volonté de nous entraîner vers des terres inconnues. Cette exclamation allait provoquer des mois de troubles, alimentés par des mensonges, ministériels, politiques, médiatiques. Le mensonge le plus odieux ne fut pas le comportement des politiciens, de certains hauts fonctionnaires et de l’immense majorité des médias, qui tinrent dans le plus profond mépris les adversaires du projet. Le mensonge le plus odieux, fut que, jusqu’au bout, on cacha aux citoyens la civilisation nouvelle qu’on instituait de force. Les partisans du projet - une très faible minorité - a obligé une nation à changer de civilisation sans lui dire où ils l’emmenaient.

Belsat naîtra un demi-siècle après ces événements. Elle sera l’enfant de ces bouleversements sociétaux et sa vie, en l’absence de définition officielle, pourrait très bien refléter cette nouvelle civilisation annoncée.