PRIX DU PREMIER ROMAN,
PRIX TROPIQUES.
"Le cimetière n'a plus cette sérénité qui savait recevoir le respect, apaiser les douleurs, exhorter à une vie meilleure. Il est une plaie béante, un charivari irrémédiable ; on excave à la pelle mécanique, on enfourne à la chaîne, on s'agglutine à perte de vue. Les hommes meurent comme des mouches, la terre les gobe, rien n'a de sens."
L'EDITEUR :
Larbi, un vieux flic brisé par la mort de sa femme, en poste dans une banlieue jadis florissante d'Alger, se lance dans une enquête sur la mort d'un va-nu-pieds, un ouvrier agricole qui avait suivi ses patrons en métropole après l'indépendance, avant de regagner le bled pour y finir ses jours, et découvre ce qu'il ne cherchait pas. De son pas traînant, il va culbuter sans y prendre garde des nids de serpents, faire tomber des masques et des masques derrière les masques.
Dans une langue brutale, sensuelle, puissante et colorée, Boualem Sansal se livre à une charge virulente contre l'Algérie des islamistes et du F.L.N. À coups d'images féroces, il fait se déchirer les mythes et les logiques menteuses de l'Algérie contemporaine. C'est une magistrale leçon de passé qu'il nous offre ici.
tout est douteux à Rouiba, son opulence autant que sa prétention d'être le poumon économique de la capitale. L'agriculture est un vice qui n'a plus de troupes. L'industrie bricole dans le vacarme et la gabegie. Les rapports d'experts le proclament ; mais qui les lit ? Le commerce est mort de mort violente, les mercantis lui ont ôté jusqu'à la patente. À ceux qui s'en inquiètent, des nostalgiques de la mamelle socialiste ou des sans-le-sou, les bazaris jurent que c'est l'économie de marché et que ça a du bon.
Leurs complices du gouvernement, qui ont fini de chanter la dictature du prolétariat, apportent de l'eau à leur moulin en discourant jusqu'à se ruiner le gosier. Et si le Coran, le règlement et la pommade sont de la conversation, ce n'est pour ces camelotiers ruisselant de bagou qu'artifices pour emmancher le pigeon et boire son jus. Soyons justes, on ne saurait être commerçant florissant et se tenir éloigné de l'infamie ; l'environnement est mafieux, le mal contagieux ; un saint troquerait son auréole pour un étal [...] Les rapports avaient prévu la dérive ; mais qui les a lus ? Ainsi était Rouiba ; il y a peu."
Une épopée rabelaisienne dans l'Algérie d'aujourd'hui.
Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- 2001
- Nombre de pages
- 461
- Durée
- 1.9
- Hauteur
- 18
- Largeur
- 11
- Poids
- 0.220