Mélodie de Vienne

«Ernst Lothar évoque avec tendresse et cruauté un monde qui se transforme dans une Vienne qu’il connaît sur le bout des ongles. Émouvant, pittoresque, impitoyable son récit est porté par l’art des grands romanciers du XIXe siècle.»

LES LIVRES D'ANTOINE, septembre 2024 : lire l'article en entier

   Ernst Lothar a écrit ce beau roman viennois après avoir fui l’Autriche lors de l’Anschluss de 1938. Sa fresque s’étend de 1888 à 1938 et Henriette en est le centre. Son évolution personnelle est intéressante à suivre d’autant qu’elle s’inscrit dans une perspective historique qui va provoquer de graves divisions dans la famille.

 Ami de Stefan Zweig et de Robert Musil, Lothar faisait partie de la communauté juive de Vienne qui aima et détesta à la fois cet Empire à bout de souffle mais qui pouvait encore durer sans la funeste guerre de 14. Il est toutefois plus critique que Zweig et l’on n’adhère pas toujours à son point de vue.

 Mélodie de Vienne est un beau roman autrichien, parfois un peu lent mais très talentueux. Et que le lecteur se rassure : un meurtre viendra pimenter une fresque historico-familiale qui nous plonge dans cette Mitteleuropa si fascinante.

   Dans un immeuble cossu de Vienne, en 1888, la famille Alt occupe tous les étages. Leur titre de noblesse ? Le piano sur lequel a joué Mozart, construit par Christoph Alt, le fondateur. Des ateliers sortent encore des pièces exceptionnelles. Une réputation qui leur impose de s'astreindre aux règles de la haute société viennoise.

   L'arrivée dans la famille de la trop belle Henriette Stein – d'origine juive qui plus est – sème le trouble.
La jeune femme plonge dans le tourbillon de fêtes et de création qui s'empare de la ville en cette fin de siècle. Un tourbillon où l'on percevra bientôt les fêlures du rêve austro-hongrois : le suicide du prince héritier, l'assassinat de l'archiduc suivi de la guerre, l'essor du mouvement ouvrier, la montée du nazisme...

   Le destin mouvementé de la famille Alt suivra les soubresauts de l'Histoire dans un roman comparé par la critique aux Buddenbrook de Thomas Mann.