Un jardin pour royaume

ZELIE , Elise Tablé, août 2024 :

    "Je ne suis plus reine de rien, depuis que les enfants ont déserté le royaume que j’avais façonné pour eux. "

   Cette phrase de l’une des premières pages d’Un jardin pour royaume exprime le thème qui traverse ce récit intime. Quand la narratrice voit sa dernière fille quitter la maison, elle part sur les traces de son enfance rurale, dans le Valois en Picardie, près du château d’Ermenonville où vécut Jean-Jacques Rousseau et où le marquis de Girardin voulut entretenir une sorte de paradis terrestre.

   Ce livre décrit avec talent les émotions traversées par la narratrice, qui se souvient d’une jeunesse dans les années 1980 dans un petit village à l’écart du monde. Quelle est la part d’imagination dans la description de ce paradis perdu ? Entre deux chapitres, l’écrivain y glisse l’évocation de Rousseau, et de Girardin en quête d’une utopie et confronté à la violence de la Révolution française. Malgré tout, le royaume familial où ont grandi les enfants de la narratrice n’a pas entièrement disparu ; il reste encore quelque chose sur la surface du lac : « Nos ombres qui ondulent comme les oriflammes d’un pays très ancien où nous nous sommes aimés .

LE FIGARO MAGAZINE, août 2024 :

   Dans un style raffiné, G. Robert décrit avec délicatesse et une grande justesse l'obsolescence programmée de nos jardins privés. Ces royaumes que chacun s'efforce parfois toute une vie, de bâtir et de préserver.

   Un jardin pour royaume explore le thème universel de la fin de l’enfance et la fragilité des utopies familiales.
   Au départ de sa dernière fille, la narratrice revient dans le Pays de Valois, au château d’Ermenonville. C’est là, à la lisière du parc où Rousseau vécut ses derniers jours, que ses parents ont choisi de s’installer dans les années 1980 pour élever leurs enfants à l’écart de l’effervescence du siècle, au plus près de la nature. Mais peut-on vraiment échapper à la course du monde ?
   Pendant dix jours, elle va arpenter les vestiges de cette utopie et se laisser submerger par le temps de l’enfance. Non pas pour s’en imposer le deuil, mais pour lui redonner sa vraie place.
   Un roman d’une sincérité bouleversante.