Traduction de Léo Lack.
Première édition : L’Âge d’Homme, 1973 - Traduction revue et corrigée
LES LIVRES D'ANTOINE, juillet 2024 : lire l'article en entier
Mikhaïl Ossorguine, banni d’Union soviétique en 1923, s’installa en France où il écrivit Une rue à Moscou dont le succès fut très important. Les éditions Noir sur Blanc (héritières de l’Age d’homme et des Syrtes) viennent opportunément de le rééditer.
Très brillamment écrit, ce roman est à la fois réaliste et poétique. Les descriptions du monde animal sont réjouissantes. Souris, fourmis et hirondelles raisonnent comme des êtres humains. Résolument pacifiste, l’auteur s’attarde sur les souffrances des mutilés, en particulier de Stolnikov, et certains passages sont difficiles. Cela ne doit pas empêcher le lecteur de poursuivre car le roman monte en qualité et en intensité au fur et à mesure que l’étau communiste broie les indociles. Mais Tanioucha ensoleille tout, même l’hiver moscovite.
Ossorguine se moque des bolchéviques avec une finesse souvent réjouissante. La saisie d’un piano est un grand moment où la culture, désemparée, doit s’incliner devant la bêtise brute. Tout un symbole où l’écrivain déploie son art du récit.
Un très beau roman.
Sivtsev Vrajek, une paisible rue de Moscou où habitent un vieil ornithologue et sa petite-fille Tanioucha, autour de laquelle vont se nouer les destins d’hommes pris dans la Grande Guerre et la révolution de 1917. Un pianiste familier des lieux, Edouard Lvovitch, y joue un soir une étrange composition, l’Opus 37, une page terrible, « criminelle, inadmissible », comme dictée par l’époque à son génie. Les derniers accords plaqués, il écoute : le sens du chaos est né.
Tel est ce livre : une partition terrible, inadmissible, puissante. Au départ, le cercle intime des amis, un admirable couple de vieillards et leur petite-fille dans laquelle s’éveille la femme, et puis, de par le monde, le cheminement secret de la destruction, comme l’écho pressenti du carnage de la guerre et de la révolution. Le cri devant la mort est viscéral, et pourtant, comme en sourdine, monte un immense hymne à la vie belle, fraîche, ténue et tenace. Quand le livre s’achève, le sombre finale de l’Opus 37 est dépassé : la vie renaît dans le chaos.
Jamais livre aussi tragique n’a donné une telle soif de vivre.
Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- 2024
- Nombre de pages
- 464
- Hauteur
- 23
- Largeur
- 15
- Épaisseur
- 3.2
- Poids
- 0.559 kg
- ISBN
- 9782889830121