Une édition critique des Autels de la Peur, court roman d'Anatole France publié en feuilletons dans Le Journal des Débats en 1884. Texte important dans l'oeuvre de France, puisqu'il constitue une esquisse des Dieux ont soif de 1912.
LES LIVRES D 'ANTOINE : lire l'article en entier
[...] Dans le style très pur qu’on lui connaît, l’auteur brosse en quelques tableaux chronologiques l’évolution mortifère et haineuse de la Révolution. La trame romanesque est un peu datée mais c’est si bien écrit que la lecture de cette nouvelle est fort agréable. De son vivant, Anatole France fut célébré comme un immense écrivain.
Un siècle après sa mort, force est de constater que le jugement était flatteur et les romans qui firent sa gloire L’orme du mail, La rôtisserie de la Reine Pédauque ou Les contes de Jacques Tournebroche paraissent bien ennuyeux malgré la qualité du style. Mais il a compté dans l’histoire littéraire et Les autels de la peur permettent de découvrir cet écrivain aujourd’hui délaissé pour passer un très bon moment de lecture.
Le Cours-la-Reine était désert. Le grand silence des jours d'été régnait sur les vertes berges de la Seine, sur les vieux hêtres taillés dont les ombres commençaient à s'allonger vers l'Orient et dans l'azur tranquille d'un ciel sans nuages, sans brises, sans menaces et sans sourires. Un promeneur, venu des Tuileries, s'acheminait lentement vers les collines de Chaillot. Il avait la maigreur agréable de la première jeunesse et portait l'habit, la culotte, les bas noirs des bourgeois, dont le règne était enfin venu. Cependant son visage exprimait plus de rêverie que d'enthousiasme. Il tenait un livre à la main ; son doigt, glissé entre deux feuillets marquait l'endroit de sa lecture, mais il ne lisait plus. Par moments, il s'arrêtait et tendait l'oreille pour entendre le murmure léger et pourtant terrible qui s'élevait de Paris, et dans ce bruit plus faible qu'un soupir il devinait des cris de mort, de haine, de joie, d'amour, des appels de tambours, des coups de feu, enfin tout ce que, du pavé des rue, les révolutions font monter vers le chaud soleil de férocité stupide et d'enthousiasme sublime. Parfois, il tournait la tête et frissonnait.
1879
Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- 2005
- Nombre de pages
- 254
- Hauteur
- 22.5
- Largeur
- 14
- Épaisseur
- 1.6
- Poids
- 0.300 kg
- ISBN
- 9782707802538