VEXILLA GALLIAE, Jean de Fréville, mars 2023 : Un roman « catalan »
Nous avons déjà parlé de Louis Bertrand pour son essai intitulé Les Villes d’or, au sujet de la Tunisie et de l’Algérie romaines. Ce métropolitain, membre de l’Académie française, en étonnera plus d’un si nous apprenons à nos lecteurs qu’outre l’Afrique du Nord, Louis Bertrand s’est passionné pour l’Espagne, puis pour l’hispanité au sens large. C’est dans ce contexte que s’inscrit son roman L’Infante, qui se passe principalement en Cerdagne, en un moment où la « Catalogne française » est toute fraîche et encore disputée par l’Espagne, avec des populations locales prêtes à manigancer et à conspirer…
Ce roman a été réédité en 2022 aux éditions du Drapeau blanc, lesquelles prêtent une attention croissante à cet académicien. La place de Villefranche-de-Conflent est au centre du drame, ou plutôt de la tragédie. Un amour impossible entre damoiselle catalane et officier français, la prépondérance du devoir, la dureté des paysages, climats et caractères promettent en effet une intrigue dénuée de toute eau de rose… Il serait difficile de s’étendre longuement sur un tel ouvrage sans en ébruiter tous les secrets, sans révéler tous les soubresauts de l’action. Contentons-nous d’évoquer la richesse du style d’écriture de Louis Bertrand, et précisons aussi que l’idée du livre, si ce n’est l’ordre, lui fut donnée par monseigneur Jules de Carsalade du Pont, évêque d’Elne et Perpignan. La Catalogne n’est pas le seul théâtre des péripéties, puisque des chapitres prennent place en Castille et à Versailles ou Paris. C’est une lecture qui ennoblit et qui n’est pas là que pour faire passer le temps. Si je devais ne retenir qu’une seule et unique citation, ce serait celle-ci, dont on pourrait se faire une maxime de vie pour les humbles tâches du quotidien : « La même pensée d’amour qui escalade les derniers sommets de la métaphysique ou de la théologie préside à la cuisson d’un pain ou à la confection d’une sandale » (L’Infante, p. 167 de la réédition). J
« Savez-vous à qui je pense, en cette minute ?... Je pense à Inès de Llar, à cette jeune fille de Villefranche qui, par amour pour un officier français, trahit, dit-on, son père, sa mère et tous les siens, avec leurs amis et leurs proches, qui avaient formé le complot de livrer la place aux Espagnols. Voilà vingt ans, moi aussi, que je vins à Villefranche pour la première fois. Trois lignes du guide me révélèrent l'existence de cette jeune passionnée. Je n'en sais pas plus, sinon que ce terrible drame d'amour se passa en 1674, au lendemain de l'annexion du Roussillon et de la Cerdagne à la France. Mais, depuis ce temps-là, chaque fois que je reviens ici, je rêve de cette petite patricienne, de cette fille de hobereaux tout gonflés de morgue castillane, et je me dis qu'elle dut être bien affamée d'amour pour commettre un pareil crime, pour imprimer une pareille tache sur le blason familial. Elle m'inspire une sympathie et une pitié profondes. Quand j'entre à Villefranche, c'est cette pâle figure aux grands yeux tristes que j'aperçoive toujours, derrière les meurtrières des vieux remparts ou les fenêtres grillées des vieux logis...
- Comme vous, dit l'Évêque, - et depuis plus longtemps que vous, - j'aime Inès de Llar. Je lui pardonne. Elle a dû tant souffrir ! ... Et, après avoir réfléchi un instant, il prononça, avec la plus pressante persuasion : - Il faut que vous racontiez cette histoire !... Comment cela se fit-il ? Instantanément, je fus convaincu qu'il le fallait en effet. »
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Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- 2023
- Nombre de pages
- 310
- Hauteur
- 21.5
- Largeur
- 14
- Épaisseur
- 2
- Poids
- 0.410 kg
- ISBN
- 9791093228235