Préface de Peter Tame.
Dans une certaine mesure, ce roman reste d'une brûlante actualité : l'engagement de la jeunesse dans des causes problématiques ou discutables es de toutes les époques de l'Histoire...
PRESENT, octobre 2019, Arnaud Robert :
Le roman Les Sept COuleurs occupe incontestablement une place à part dans l’oeuvre de Robert Brasillach). D’abord l’année de publication, 1939, au bord du précipice sanglant européen, puis mondial. Ensuite, l’irruption d’un nouveau thème, la politique, qui enthousiasme Patrice, le héros du livre, doublure de Brasillach. Enfin, l’apogée du style, avec une technique d’écriture autorisant l’auteur à varier, avec virtuosité et singularité, les différentes formes littéraires et fournissant le titre du roman.
Mais le titre, comme la terre, ne ment pas, puisque les couleurs abondent : le blond des tresses de Lisbeth, le noir des yeux ou des chemises, le rouge des drapeaux, le roux et le vert de Florence, le bleu des mille piliers. Et le brun, omniprésent, d’une jeune fille naguère connue, du granit ou encore des vestes… L’histoire est une belle histoire d’amour entre deux étudiants, Patrice et Catherine, visitant Paris… puis Patrice part pour l’Italie, ébloui par le fascisme irradiant le pays. Ils se perdent. Catherine se marie alors avec François, mais Patrice tente de la convaincre de tout recommencer. Croyant perdre Catherine, Patrice s’engage dans la guerre d’Espagne, aux côtés de Franco…
Outre les sept formes littéraires constituant un découpage très original du roman (dont l’importante partie des réflexions), il existe bien une huitième forme : celle du reportage, à la découverte des différentes expressions du fascisme à travers l’Europe (italien, allemand et espagnol). Et malgré l’attrait patent et exalté pour le fascisme allemand, fait "pour la jeunesse", avec ses drapeaux, ses torches et ses projecteurs, lequel détonne de ses cousins latins, Brasillach sort de l’image simpliste que la bien-pensance du XXIe siècle lui accole sans examen. A propos du national-socialisme : "C’est parce que ces cérémonies et ces chants signifient quelque chose qu’il faut y faire attention et songer à parer à ce qu’ils signifient." Plus loin, sur l’Allemagne : " … on se dit que ce pays est d’abord, au sens plein du mot, et prodigieusement, et profondément, et éternellement, un pays étrange." Enfin, évoquant Hitler : un "triste fonctionnaire végétarien". On le constate, la pensée de Brasillach, dans ce roman, est contrastée, entre un fascisme hymne à la joie et à la jeunesse, et un fascisme " mal du siècle" d’une autre couleur. S’agit-il du même ?
Un roman puissant, novateur, entre triangle amoureux et romantisme politique.
Les Sept Couleurs sont une des plus belles réussites de Robert Brasillach, une oeuvre de sa maturité littéraire. D une grande virtuosité technique, elle était en piste pour le prix Goncourt de 1939. Ceux et celles qui n y ont vu qu'un hymne à la "joie fasciste" sont passés à côté de bien des merveilles. Certes, s'y manifeste l'enthousiasme pour les deux idéologies du siècle dernier (à savoir : le communisme et, surtout, le fascisme, ce "mal du siècle"), mais le lecteur y trouve aussi : la nostalgie de la jeunesse, la fuite inexorable du temps, le charme du Paris d avant-guerre, l'amour, la délicatesse des sentiments, les amitiés franco-allemandes, l'Europe des années 1920 et 1930, et le rôle du hasard, voire de la prédestination, dans la vie, tous éléments qui sont évoqués dans une belle prose lyrique et enchanteresse.
Les Sept Couleurs représentent une rupture dans l'oeuvre de Robert Brasillach. C'est la fin d une certaine "esthétique" et un appel d'urgence pour un "hangement de route". Selon Brasillach, l'Europe, France comprise, en crise dans les années 1938-1939, réclamait ce "changement", que ce soit dans le domaine politique, militaire ou culturel. Lorsque l'invasion et l'occupation de la France interviendront en 1940, il sera déjà trop tard. Alors que Les Captifs (1939-1941) resteront inachevés, les deux romans de Robert Brasillach qui suivent La Conquérante (1943) et Six heures à perdre (1944) seront incontestablement plus classiques, moins expérimentaux, moins révolutionnaires et moins novateurs.
Dans une certaine mesure, ce roman reste d une brûlante actualité : l engagement de la jeunesse dans des causes problématiques ou discutables est de toutes les époques de l Histoire. Le climat politico-économique des années 1930 ressemble, par certains aspects, à notre époque d incertitudes idéologiques, sociales, économiques et religieuses.
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Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- Août 2019
- Nombre de pages
- 272
- Hauteur
- 21.5
- Largeur
- 15
- Épaisseur
- 1.1
- ISBN
- 9782867144998