Dévots gaullistes s'abstenir !
Un grand homme d'Etat qui trahit ses engagements, un conjuré pour qui rien ne vaut que l'honneur : leur affrontement met en jeu les notions mêmes de devoir et d'intégrité. Où l'on découvre la puissance iconoclaste d'une romancière au sommet de son art.
RENAISSANCE CATHOLIQUE, Yves Amossé, août 2024 : lire l'article en entier
Dévots gaullistes s’abstenir ! Sous forme de conte historique ce roman, alerte, inattendu et très documenté, nous plonge dans les derniers soubresauts de ce qui fut l’Algérie française.
Rappelé au pouvoir pour ancrer définitivement la Terre du Sud au Vieux Pays, le général de Grandberger est en réalité animé par de toutes autres aspirations qu’il ne dévoilera que bien plus tard. Le vieux soldat a la certitude que le Vieux Pays, qu’il incarne, est appelé à jouer un rôle de premier plan face aux deux super puissances qui s’affrontent pour l’hégémonie planétaire. Pour cela il convient de se débarrasser, rapidement, du boulet, financier et médiatique, que constitue la Terre du Sud. Cependant cette séparation ne doit pas être la conséquence d’une défaite, il faut au contraire qu’elle soit un geste de magnanimité de Jean de Grandberger lui-même, au bénéfice des indigènes de la Terre du Sud. Toutes les populations anciennement colonisées, subjuguées par cette grandeur d’âme, se mettront alors à l’écoute de leur nouveau Guide suprême. Il faut donc d’abord gagner la guerre en particulier en amenant à s’engager auprès de l’armée du Vieux Pays les populations autochtones de la Terre du Sud. Elles seront ensuite abandonnées et confiées aux bons soins des vaincus d’hier devenus les vainqueurs du jour, selon le vieil adage : on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs.
Porté par un incontestable talent oratoire, une absence totale de scrupules, un cynisme absolu, une volonté de fer, une ambition et un orgueil démesurés, une très haute idée de sa mission, Jean de Grandberger parvint à ses fins : la Terre du Sud accéda à l’indépendance, les velléités de résistance des militaires qui souhaitaient rester fidèles à la parole donnée furent impitoyablement brisées, les populations du Sud, indigènes fidèles à l’Empire et colons, eurent à choisir entre la valise et le cercueil.
«Passé sous silence» est le récit, en forme de conte historique, d’un événement réel de la seconde moitié du XXe siècle. Les dates, lieux, noms de personnes ont été effacés, mais les choses dites l’ont été et les faits sont authentiques : dans un moment décisif de notre histoire s’affrontent deux visions de l’honneur et du service de l’Etat.
Entre la Terre du Sud et le Vieux Pays, une guerre d’indépendance s’éternise. Pour la finir, le Vieux Pays rappelle au pouvoir son chef le plus prestigieux. Une fois investi, le souverain n’agit pas comme on l’attendait. Contre ce pouvoir, un jeune officier mène une conjuration jusqu’à l’attentat. Sain et sauf, le chef de l’Etat accordera-t-il sa grâce ?
Pour raconter ce moment singulier où un héros s’est retrouvé juge et partie, Alice Ferney convoque tour à tour les pensées des deux protagonistes. Une documentation méticuleuse et une précieuse prise en compte des mécanismes psychologiques lui donnent l’audace de soulever la chape du silence. Avec la volonté ardente d’exhumer une injustice, et sans jamais juger, Alice Ferney essaie de comprendre ce qui, dans des temps troublés, a pu mener un homme à mourir et un autre à condamner.
Elle touche en vérité le point focal d’un drame national qui irradie encore. Et fait entendre, avec une efficacité saisissante, la voix du romancier face à l’Histoire.
Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- 2012
- Nombre de pages
- 204
- Hauteur
- 17
- Largeur
- 11
- Épaisseur
- 1.5
- Poids
- 0.154 kg
- ISBN
- 9782330010584