Préface de Philippe d'Hugues.
PRESENT DU 5 FEVRIER 2016 - Anne Brassié :
Après 40 mois de captivité dans un oflag allemand, un jeune lieutenant rentre en France et passe six heures à Paris, en 1941. Pour exaucer le vœu d’un compagnon resté en Allemagne il retrouve une jeune femme, Marie-Ange, petite Antigone des temps modernes, et sa douloureuse histoire.
Paru en feuilleton dans Révolution nationale, à l’initiative de Lucien Combelle, du 11 mars au 10 juin 1944 ce roman, excepté le personnage féminin, est un peu l’histoire de Brasillach qui rentre de Westphalie et retrouve avec bonheur la ville de ses études, mais avec dégoût l’atmosphère sinistre des petits et gros trafics de l’occupation.
Autour de Marie-Ange, des jeunes s’engagent dans des mouvements différents et opposés mais discutent entre eux, et de plus vieux les enrôlent à leur service, au service de leur fortune personnelle… Etrange résonance aujourd’hui de cette phrase : « Il est plus facile de bien mourir que de bien vivre. » Toujours ce tranquille désespoir derrière la gaîté apparente.
Ce qui donne à ce roman une force et un charme particulier, typiques des romans de Brasillach, c’est le mélange de scènes filmées d’une poésie infinie, des rues du Paris de l’Occupation, silencieuses puisque sans voitures, des toilettes féminines, des petites gens qui se battent pour survivre et des gros profiteurs que toutes les guerres voient proliférer. La poésie des souvenirs aussi, quand les prisonniers récitent comme une litanie les noms des stations de métro, « Châtelet, Cité, Saint-Michel, Odéon ». Poésie qui n’exclue pas les réalités de l’Occupation les plus dures. On a comparé cette œuvre à celles de Simenon. Il y a meurtre en effet.
« Ce qui m’effraie, écrit Brasillach, c’est l’intolérance des Français les uns vis-à-vis des autres. » Il avait raison, cette intolérance à son égard dure encore. En dehors du théâtre cornélien, les vainqueurs sont rarement généreux.
"La parution de ce roman historique ne constitua pas un événement. L'exécution, le 6 février 1945, semblait déjà appartenir à une autre époque. Le retour inopportun d'un fusillé ne pouvait passer qu'inaperçu. Rares furent les comptes-rendus.
Ce n'était pas un inédit à proprement parler ; tout à la fin de l'Occupation, il était paru en feuilleton, du 11 mars au 10 juin 1944, dans Révolution nationale, l'hebdomadaire de Lucien Combelle. Avant d'être arrêté, Brasillach avait eu le temps de corriger le texte paru en feuilleton, et déposer chez Plon le manuscrit de cette version améliorée par ses soins. C'est ce texte définitif que Plon publia en 1953.
S'il n'a pas l'éclatante qualité de 'Comme le temps passe', voire des 'Sept Couleurs', Six heures à perdre en a d'autres : on y voit surgir des tonalités différentes, qui annoncent une nouvelle manière, un mûrissement de la pensée comme style de Robert Brasillach.
Dans ce roman de l'Occupation -un des plus grands qui soient, écrit à chaud, comme filmé sur le vif-, tout est dit de la situation de notre pays en 1943-1944, de la Résistance, du marché noir, de la peine des femmes, de la confusion politique et des incertitudes des jeunes garçons.
"Ce qui m'effraie dit le narrateur, c'est l'intolérance des Français vis à vis des autres". Cette leçon, encore plus actuelle aujourd'hui qu'en 1953, devrait être méditée par les habituels détracteurs de service. Pour leur grand déplaisir, l'œuvre de Brasillach demeure, comme le montre avec éclat ce grand roman, à demi oublié mais que l'on va enfin, pouvoir redécouvrir.
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Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- 2016
- Nombre de pages ou Durée
- 260
- Hauteur
- 21.5
- Largeur
- 15
- Épaisseur
- 1.5
- ISBN
- 9782867144943