LA PRESSE EN PARLE :
PRESENT - Xavier Eman, samedi 28 février 2015.
...Discret et précis, Michel Bernard nous narre ce moment de la vie de Ravel avec une empathie teintée de douce nostalgie. Naviguant entre réalisme et poésie, le lecteur se trouve plongé dans l’intimité du compositeur et retient presque son souffle pour ne pas déranger le travail du brillant créateur.
Et dès la dernière page du livre tournée, il ne peut s’empêcher de se précipiter sur internet ou sur sa collection de disques pour découvrir ou redécouvrir les œuvres du grand musicien, et plus particulièrement le « Concerto en sol », hymne secret et fraternel des soldats de Verdun.
FAMILLE CHRETIENNE - Diane Gautret le 2 mars 2015 :
Michel Bernard est un cas à part dans la littérature actuelle. Haut fonctionnaire, cet homme de plume et d’esprit développe depuis quelques années une œuvre originale, commencée avec La Tranchée de Calonne (2007), puis poursuivie avec Le Corps de la France (2010), une méditation belle à pleurer sur notre beau pays de France et sur le rapport charnel qu’il exige de nous. Toujours dans la même veine, et avec les mêmes accents mélo-dieux dans la voix, l’écrivain géographe s’arrête ici plus longuement sur la figure du compositeur Maurice Ravel, déjà entraperçue plusieurs fois précédemment. La Grande Guerre encore, qui justifie ici le titre Les Forêts de Ravel.
Nous sommes en mars 1916. Le compositeur vient d’achever son Trio en la majeur. Âgé de plus de 40 ans, de faible constitution, il n’est pas jugé apte à prendre les armes. Mais l’homme insiste. Engagé volontaire sur le front de Verdun, il sera conducteur d’ambulance. Chargé de transporter jusqu’aux hôpitaux de campagne des soldats exsangues, il découvre la réalité de la guerre, les corps déchiquetés, les râles des mourants, le bruit infernal de la mitraille et des obus, cet orage d’acier qui s’invitera si souvent par la suite dans son corps et dans sa tête. Et chaque soir, malgré les visions d’apocalypse, il s’endort comme une masse, vaincu par la fatigue, lui l’insomniaque. Nul instrument, ni cris d’animaux, ni bruits d’oiseaux dans ce décor de désolation. Jusqu’au jour où la musique le rattrape, à la faveur de retrouvailles avec un piano demi-queue surgi de manière incongru dans un hôpital de fortune. Faisant soudain renaître la vie au milieu des champs de braise.
Un double hymne : aux soldats de 14-18 et au pouvoir consolateur de la musique.
«Quand Ravel leva la tête, il aperçut, à distance, debout dans l'entrée et sur les marches de l'escalier, une assistance muette. Elle ne bougeait ni n'applaudissait, dans l'espoir peut-être que le concert impromptu se prolongeât. Ils étaient ainsi quelques médecins, infirmiers et convalescents, que la musique, traversant portes et cloisons, avait un à un silencieusement rassemblés. Le pianiste joua encore la Mazurka en ré majeur, puis une pièce délicate et lente que personne n'identifia.
Son doigt pressant la touche de la note ultime la fit longtemps résonner.»
En mars 1916, peu après avoir achevé son Trio en la majeur, Maurice Ravel rejoint Bar-le-Duc, puis Verdun. Il a quarante et un ans. Engagé volontaire, conducteur d'ambulance, il est chargé de transporter jusqu'aux hôpitaux de campagne des hommes broyés par l'offensive allemande. Michel Bernard le saisit à ce tournant de sa vie, l'accompagne dans son difficile retour à la vie civile et montre comment, jusqu'à son dernier soupir, «l'énorme concerto du front» n'a cessé de résonner dans l'âme de Ravel.
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Fiche technique
- Parution
- 2015
- Nombre de pages ou Durée
- 180
- Hauteur
- 20.5
- Largeur
- 14
- ISBN
- 9782710376071