Il y a dans notre vie un secret très simple et pourtant négligé : partir, c'est vivre.
Au sommaire :
- Avant-propos
- Carnets et calepins.
- Notes sur le calepin de notes fac-similes des carnets inédits
- Petite traité sur l'immensité du monde
- Sur la route
- Récits d'aventure
- L'axe du Loup
- La chevauchée des steppes
- Eloge de l'énergie vagabonde
- Berezina
- En avant, calme et fou
- Au fil des jours, Journaux et aphorismes
- Géographie de l'instant
- Une très légère oscillation
- Aphorismes sous la lune
- Aphorismes dans les herbes
- Notre-Dame de Paris
- Poèmes de l'Affût
- Par les champs et par les livres, critiques et études
- Autour du monde, reportages et regards
PRESENT, février 2021, Pierre Saint-Servant :
La parution était attendue. Tesson ouvre l’avant-propos de ce copieux recueil avec une citation célèbre de Nietzsche : « Seules les pensées qui nous viennent en marchant ont de la valeur » et rappelle les mots qui précèdent : « On ne peut penser et écrire qu’assis (G. Flaubert).
Je te tiens là, nihiliste ! Rester assis, c’est là précisément le péché contre le Saint-Esprit. » Ce beau mot d’énergie vagabonde, qui forme le titre de l’ouvrage, on le doit à Olivier Frébourg. Editeur dont l’intelligence buissonnière et le courage anachronique ne font plus aucun doute, et depuis bien longtemps. Nous troquerions bien volontiers deux ou trois dizaines d’éditeurs parisiens pour celui – redevenu Normand – qui peut se targuer d’avoir à son catalogue Xavier Grall et Pierre Adrian, Jean-Paul Kauffmann et… Sylvain Tesson.
Mais voilà que je vagabonde à mon tour. Revenons donc à Tesson. L’arpenteur n’est pas qu’un écrivain talentueux, c’est un grand lecteur, par l’étendue de ses goûts, et par leur hauteur. Lecteur de livres rares, méconnus ou délaissés, de L’Homme sans postérité d’Adalbert Stifter aux Carnets de Montherlant. De là cette atmosphère de vraie liberté et de haute culture qui baigne tous ses ouvrages. L’Energie vagabonde se serait vendu à plus de 50 000 exemplaires, ce qui donne de l’urticaire à France Culture.
C’est en tout cas un formidable cri d’espérance au milieu de la médiocrité des temps. A l’heure de la zombification numérique, il reste donc plusieurs dizaines de milliers d’âmes prêtes à dévorer 1 400 pages d’évasion, de panache et de tenue. Avec sa simplicité coutumière, Tesson hausse les épaules et résume ainsi sa besogne d’écrivain marcheur : « Vivre, c’est convertir en pattes de mouches ses tentatives de marcher à grands pas. »
En voyage, je vis, je respire, je cherche l'aventure. Je rencontre des êtres qui savent tenir une conversation, je croise quelques ennuis, je cueille une vision, je pousse une porte, je me sors d'un pas désagréable. Je traverse une forêt, je parle à un homme que je ne connais pas et lui confie davantage de choses que s'il était mon frère, parce que je suis sûr de ne pas le revoir. L'énergie vagabonde, c'est la traversée de l'éphémère, perpétuellement renouvelé.
L'énergie vagabonde consiste à faire moisson d'idées dans les collines inspirées. Un jour, les notes deviennent un livre. Aujourd'hui, ces livres sont rassemblés dans ce recueil. Il contient les récits de mes voyages à pied, à cheval, à bicyclette, dans les piémonts du Caucase, les steppes de l'Asie centrale, les taïgas de Sibérie, les plaines de Mongolie et de Russie, et sur le plateau du Tibet. Cette géographie a aimanté mon corps. Là-bas, les ciels aspirent le regard, les horizons reculent : on n'a pas de scrupules à tirer des bords en pareils parages ! Je joins à ces textes le souvenir de mes virées à moto sur les routes du Nouveau et de l'Ancien Monde, de mes bivouacs et de mes ascensions.
A ces récits de promenades plus ou moins contrôlées, j'ai ajouté des reportages en des contrées lointaines où les hommes vivent des existences plus dangereuses que la mienne ainsi que certaines pages de mes journaux, tenus dans l'espoir de donner un ordre à ces agitations. Je crois aux vertus de la tangente et de l'échappée. Puisse l'énergie vagabonde ne jamais se tarir ! Sylvain Tesson