Le temps des Loups

LE NOUVEAU PRESENT, Xavier Eman, mars 2023 :

   Oyez, oyez, Olivier Maulin, le prince des poètes, est de retour ! Et il était grand temps car ses nombreux lecteurs et admirateurs n’en pouvaient plus de ronger leur frein en relisant inlassablement ses (trop) anciennes créations. Il paraît même que certains d’entre eux, devenus à demi-fous d’impatience, se seraient infligé de terribles sévices consistant notamment à s’imposer la lecture du dernier opus de Virginie Despentes. Nul doute qu’ils retrouveront la raison et la paix en dévorant ce jubilatoire Temps des loups.Un rayon de soleil dans la grisaille d’une rentrée littéraire qui, d’année en année, ne cesse de s’enfoncer dans l’émétique marais de l’autofiction victimo-misérabiliste et du culte « diversitaire », voilà ce qu’est le nouvel ouvrage d’Olivier Maulin, véritable remède contre la morosité ambiante et l’omniprésence d’un « politiquement correct » toujours plus oppressant.

   Car Maulin, c’est le rire et la liberté, la liberté par le rire ! Impossible en effet de ne pas être emporté par de roboratifs fous rires en dévorant cette nouvelle aventure picaresque qui entraîne le lecteur au cœur des Vosges, sur les traces d’une improbable communauté de magnifiques bras cassés réunissant une fratrie d’imbéciles heureux, un écrivain germanopratin en rupture de succès, un bûcheron moyenâgeux et un vieux colonel impotent, le tout cornaqué par une blonde aussi énergique que sculpturale. Saupoudrez le tout de pas mal d’alcool, de légendes oubliées, de saillies sécessionnistes et d’un peu (beaucoup ?) d’amour, et vous obtenez une véritable petite bombe littéraire, capable de maintenir à bonne distance, voire de terrasser, tous les componctueux pisse-froid et autres bêcheurs pontifiants qui encombrent les rayonnages des librairies. Certains éternels grincheux argueront peut-être que « Maulin, c’est toujours pareil, c’est la même recette ». Mais pourquoi changer la recette quand le mets est délicieux ? D’autant qu’en réalité Maulin n’a pas seulement créé une « recette », il a inventé un genre particulier, un nouvel archétype littéraire : l’épopée des boiteux, la chanson de geste des miséreux et des fracassés, le carnaval des « petites gens » au grand cœur, la croisade des oubliés de la mondialisation et de la « start-up nation ». Grâce à Maulin, « ceux qui ne sont rien » ont trouvé leur conteur, leur bretteur, leur narrateur, qui ne les sublime pas plus qu’il ne les méprise, mais qui leur donne corps et vie au sein d’un paysage littéraire totalement phagocyté par les affres souffreteuses d’une bourgeoisie boboïsante qui pue la mort et la haine de soi.

   Avec Maulin, on respire et on rit, choses ô combien précieuses en ces temps bien sombres où l’affliction le dispute à l’accablement. Avec lui, il est temps de réveiller les loups tapis au fond de nos forêts ancestrales, de retrouver la vieille foi du charbonnier et la saine colère paysanne face aux destructeurs d’identités et aux salisseurs de rêves. Haut les cœurs, et mort aux cons !