Une vue d'ensemble, évidemment tout à fait schématique, sur le rapport entre Dieu et le monde, tel que le perçoit le christianisme. "Un traité de la providence " ?
L'HOMME NOUVEAU, Rita Prawda, mars 2024 :
Évoquer la Providence dans un monde déconnecté de Dieu, c’est risquer de passer pour un illuminé ou un irresponsable. La Providence est, en effet, fréquemment considérée comme le pourvoyeur de solutions lorsque rien ne va ou comme un marionnettiste se jouant de ses pantins. Avec ce livre, Rémi Brague, membre de l’Académie des Sciences morales et politiques, fait fi des considérations actuelles et présente une option bien plus valorisante et transcendante. Revisitant les concepts essentiels à la compréhension de la Providence telle que saint Thomas et le monde médiéval l’appréhendaient, l’auteur fait prendre conscience au lecteur de sa juste place dans l’univers. Naturellement, il construit son raisonnement, s’élevant du monde sensible et naturel pour atteindre le Bien suprême.
Il ne s’arrête cependant pas à la notion de Dieu mais va au-delà afin de replacer concrètement la Providence dans le quotidien de l’homme. L’auteur ne soulève pas certaines objections qu’on pourrait opposer à la notion de Providence mais il offre au lecteur une clé de compréhension pour s’élever et accéder au Bien. Plus qu’un simple traité d’économie divine, une prise de conscience de notre responsabilité de créature, de cocréateur et d’enfant de Dieu ; un appel à l’action.
FAMILLE CHRETIENNE, décembre 2023 :
Dans son dernier essai, Rémi Brague aborde un sujet assez inattendu, au premier abord : celui de la Providence. Mais pas telle que notre époque l'entend, savoir une intervention bienvenue de Dieu pour palier nos insuffisances et nos maladresses. Cela c'est la la providence...
LE FIGARO, GRAND ENTRETIEN avec Guillaume Daudé, octobre 2023 :
Rémi Brague: «La providence et la liberté n’ont pas la même définition pour le christianisme et pour l’islam». Dans son dernier livre, À chacun selon ses besoins (Flammarion), le philosophe Rémi Brague analyse la conception chrétienne de la providence. Le christianisme, explique-t-il, consacre la liberté de l’homme et la confiance faite en la créature, là où l’islam n’envisage aucunement que Dieu puisse déléguer ce pouvoir.
LE FIGARO. - D’où vient le concept de providence? Quelle est la spécificité de la vision chrétienne de cette idée?
Rémi BRAGUE. - Il est fort ancien, et il nous vient tout autant de Jérusalem que d’Athènes. Dans mon livre, je cite des passages de l’historien grec Hérodote et de l’histoire de Joseph, à la fin du livre de la Genèse. Et même l’histoire de Sinouhé, qui nous vient de l’Égypte des pharaons. C’est l’idée selon laquelle tout ou partie de ce qui arrive est réglé pour produire un résultat positif. Seulement, nous ne savons pas quand ce résultat arrivera, et si nous le verrons. Ni même si ce qui est positif en soi est bon pour nous. Ce que la vision chrétienne des choses a de spécifique, c’est que le christianisme pense ensemble ce que tout le monde appelle « providence »…
FRANCE CATHOLIQUE Conduire l’intelligence Pour cela, il y a bien sûr différentes voies.
Celle choisie par Rémi Brague dans son dernier essai, À chacun selon ses besoins, se signale par sa rigueur intellectuelle et sa façon d’aller au cœur du sujet, qui est tout de même Dieu et l’Église, dont la seule mission est de nous faire accéder à Lui.
En philosophe attentif à la rigueur du concept, il est loin des procédés de l’enchanteur pour séduire, mais sa façon de conduire l’intelligence à comprendre exactement en quoi consiste la Providence divine a cet avantage majeur de nous libérer des erreurs et des contresens pour viser le fond des choses. C’est-à-dire la découverte du « Dieu personnel de la Bible qui fait alliance avec son peuple » et se révèle « comme le Père de Jésus Christ ».
En quoi consiste la Providence ? Mais avant d’arriver là, il convient, grâce à la patristique, à saint Thomas d’Aquin, mais aussi à tous ceux qui ont balisé l’histoire de la pensée en faisant les distinctions judicieuses, de bien comprendre en quoi consiste cette Providence, c’est-à-dire la relation que Dieu entretient avec le monde. Les Pères de l’Église parlaient à ce propos d’économie, au sens où, après l’acte créateur, Dieu demeure en relation avec la Création. En une formule unique, dont il développe la logique tout au long de son essai, Rémi Brague nous livre la clé de cette relation : la Providence divine ne consiste qu’à « offrir à chacun selon ses besoins ». Ce qui va à l’encontre du préjugé le plus commun selon lequel cette Providence ne consisterait qu’à intervenir pour remédier aux défaillances du cosmos et de l’humanité tels qu’ils vont. Or, il s’agit précisément du contraire.
Dieu a créé toutes choses de telle façon qu’elles portent en elles leur propre suffisance, sans qu’il soit besoin d’intervention supplémentaire pour rétablir l’ordre. La Providence a fait don d’une nature propre aux plus humbles créatures. Avec l’homme, on franchit un degré qui fait émerger la liberté et la recherche d’un bien qui est très au-delà des aménités de l’existence. Ce qui ouvre la réflexion à un degré supérieur. Saint Thomas établissait une distinction entre le revelatum et le revelabile, c’est-à-dire ce qui relève de la Révélation divine proprement dite et ce qui relève de l’exercice de la simple raison humaine. Justement, ce qui concerne la Création s’inscrit dans cet ordre de la raison. Mais l’ordre surnaturel nous fait franchir un degré très supérieur, avec la survenue d’un Dieu incarné, celui qui a fait alliance avec l’humanité, et, qui plus encore, nous fait participer de sa propre vie, ne serait-ce que par le banquet eucharistique. Cette Révélation suppose un préalable, en l’espèce, une juste pensée de la Création. Ce qui est accessible à l’intelligence appelle la Révélation.
Si vous vous jetez dans un précipice sans avoir vérifié que l'élastique était bien attaché, croyez-vous qu'un matelas va apparaître tout au fond ? C'est ainsi que beaucoup s'imaginent que fonctionne la Providence : je fais n'importe quoi, et "tout s'arrangera" . En fait, Dieu a déjà donné.
Au bout de tout un processus, partant du Big Bang et passant par la naissance de la vie et son évolution, Il a commencé par créer un vivant doté d'assez de jugement pour ne pas prendre de risques inutiles. Selon Rémi Brague, qui s'inspire ici d'intuitions de Thomas d'Aquin, c'est ainsi que Dieu procède envers tout ce qu'Il a créé. A chaque être, Il donne d'emblée ce dont il a besoin pour atteindre le bien qui lui convient, et pour l'atteindre par lui-même. A l'élément, Il donne assez de consistance pour qu'il reste ce qu'il est, là où il est. A la plante, de quoi tirer sa nourriture du sol et du soleil. A l'animal, l'instinct qui lui fait assurer sa survie et la reproduction de son espèce. Dans chaque cas, Il donne une latitude plus grande de mouvement : la plante croît ; l'animal se déplace ; l'homme, qui subsiste comme une personne libre et intelligente, peut accumuler son passé en une mémoire et se construire une histoire. Avec l'homme, où culmine la liberté, la providence devient prudence, sagesse pratique. Chez Dieu, elle devient économie du salut.
Là où l'homme a blessé sa liberté et perdu la force de voir clairement son bien et d'en vouloir vraiment les moyens, Dieu combine de quoi libérer la liberté de l'homme en la retournant de l'intérieur.
Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- Octobre 2023
- Nombre de pages
- 223
- Hauteur
- 22
- Largeur
- 13.5
- Épaisseur
- 1.6
- Poids
- 0.246 kg
- ISBN
- 9782080412096
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