L’unique sujet Église selon Joseph Ratzinger

   Dans son célèbre discours à la Curie romaine du 22 décembre 2005, Benoît XVI oppose deux lectures du concile Vatican II : « l'herméneutique de la rupture » et « l'herméneutique de la réforme dans la continuité de l'unique sujet Eglise ». La distinction entre « rupture » et « réforme dans la continuité » a fait couler beaucoup d'encre. En revanche, l'expression « unique sujet Eglise » n'a guère retenu l'attention des théologiens, comme s'il s'agissait d'une cause entendue.

   Pourtant, cette formule n'est pas habituelle dans l'enseignement pontifical ni même en théologie. Cela devrait donc susciter l'étonnement : qu'est-ce que Benoît XVI a vraiment voulu dire ? Pourquoi parle-t-il ici dé l'Église comme d'un « sujet » ?

   La notion de sujet Église méritait d'être étudiée pour elle-même. Cet ouvrage en retrace précisément l'histoire dans l'oeuvre de Joseph Ratzinger-Benoît XVI et met en évidence le fait qu'il s'agit d'une notion clé de celle-ci. Il en dégage aussi la valeur théologique en expliquant pourquoi l'idée chrétienne de Révélation suppose nécessairement celle de sujet Église. Une nouvelle compréhension de la Tradition, de l'Écriture Sainte et de la théologie en découle. La pertinence de la pensée de Ratzinger dans les grandes questions actuelles est une nouvelle fois mise en lumière.

   Pour la foi chrétienne, la vérité éternelle s’est rendue historiquement accessible en Jésus de Nazareth. Mais est-il possible de rencontrer celui-ci aujourd’hui, ou bien cette rencontre doit-elle être repoussée à l’horizon eschatologique ? Pour Joseph Ratzinger, cette rencontre est possible dans l’Église, car celle-ci est un unique sujet à travers le temps et l’espace, constituée comme telle par l’Esprit Saint. Le « sujet Église » est la médiation entre la vérité et l’histoire. L’homme qui s’unit au sujet Église est rendu contemporain de Jésus-Christ.

   Cette notion de sujet Église n’avait jamais été étudiée pour elle-même dans l’œuvre de Ratzinger. L’auteur en retrace précisément l’histoire et met en évidence le fait qu’il s’agit d’une notion clé de l’œuvre de Ratzinger. Il en montre aussi la nécessité théologique, en expliquant pourquoi l’idée chrétienne de Révélation suppose celle de sujet Église.