Le Quadrige

   C'est ouvrage est l'un des plus grand succès de Pieper, grâce à la tournure si originale de sa pensée : une philosophie en prise sur le réel qui permet au lecteur de comprendre le monde, y compris dans son quotidien. 

   L'HOMME NOUVEAU, juillet 2020 Stephen Vallet :

   Considéré comme l’un des grands philosophes de langue allemande, Josef Pieper (1904-1997) avait un réel don pour rendre compréhensibles les questions les plus ardues. Ce talent pédagogique se manifeste pleinement dans cette présentation des quatre vertus cardinales (le « quadrige »), héritées de la Grèce antique et pleinement assumées par le christianisme. Pieper rappelle que la morale est ordonnée au bien et au bonheur et explore le rôle de chacune des quatre vertus cardinales.

   Dans la lignée d’Aristote et de saint Thomas d’Aquin, il souligne le rapport étroit qu’elles entretiennent entre elles. Plus, il commence par affirmer que « la vertu de prudence est la “génitrice” et la matrice de toutes les autres vertus cardinales : justice, force et tempérance ; seul donc celui qui est prudent peut aussi être juste, fort et tempérant ; et l’homme bon est bon, en vertu de sa prudence ». Ce n’est donc pas pour rien que saint Thomas d’Aquin présente celle-ci comme la vertu par excellence du gouvernant, celui qui doit permettre d’atteindre le bien le plus grand et le plus parfait (dans l’ordre naturel), ce bien commun qu’Aristote qualifiait de bien le plus divin. Ce faisant, Pieper, bon connaisseur du monde dans lequel il évoluait – les quatre petits traités réunis ici ont été publiés entre 1934 et 1953 – sait pertinemment que son affirmation sur la prudence – classique en elle-même – sonne étrangement " à l’oreille de l’homme contemporain, y compris à celle du chrétien". Que dire, par exemple, malgré la modération de l’auteur, de ses affirmations sur la démocratie dans la partie consacrée à la justice ? Heureuse difficulté, pourrait-on dire, qui lui permet de déployer tout son talent pédagogique pour le grand bonheur de son lecteur.