Histoire de l'islamisation française - Quarante ans de soumission

L'HOMME NOUVEAU, Annie Laurent, 2024 :

   C'est un dossier considérable que propose cet ouvrage où sont recensés et analysés les principaux aspects du développement de l’islam en France.

   Selon une méthode mêlant chronologie et thématique, les auteurs, dont les noms ne sont pas mentionnés, ont sélectionné des événements marquants et des textes officiels qui ont ponctué quatre décennies (1979-2018). Le lecteur y découvre les orientations politiques de l’État français et leur concrétisation juridique, tout en saisissant les approches idéologiques ainsi que les évolutions culturelles et sociales qui ont accompagné l’implantation des musulmans dans une civilisation si éloignée des principes fondamentaux de leur religion et de leurs traditions. Cette perspective optimiste a conduit certains à promouvoir « l’immigration de peuplement ». C’est ainsi que, au gré de concessions variées et sous l’influence d’associations militantes telles que « SOS Racisme », le concept d’assimilation des personnes, pourtant inscrit dans le droit français depuis 1945, a cédé la place à celui d’intégration, qui privilégie l’identité communautaire et le séparatisme.

   Autrement dit, les musulmans peuvent devenir français sans avoir à se franciser, et la France déchristianisée devient « l’Hexagone ». Cette mutation a été officialisée en 1991 par la création du Haut Conseil à l’intégration. Dans son rapport L’islam dans la République (2000), ce dernier assigne à l’Éducation nationale la mission de « familiariser, au sens propre du mot, nos compatriotes avec l’islam, pour qu’il apparaisse comme une richesse plutôt que comme une menace ». Tout cela s’accompagne de la réécriture idéologique de l’histoire, du mépris pour le patrimoine national, du déchaînement contre certains experts en islamologie pourtant qualifiés, de la tolérance envers des pratiques « religieuses » illicites telles que le port du voile intégral, les abattages d’animaux à vif, la création de carrés musulmans dans les cimetières, la dissimulation de statues lors de l’accueil de dirigeants musulmans dans des lieux officiels, l’application de la charia dans des affaires matrimoniales, etc.

   En définitive, « l’État s’est continuellement adapté à l’islam au lieu de lui demander de s’adapter […]. Loin d’être maltraité, ce que rabâche la vulgate de l’islamophobie, l’islam n’a cessé de se voir offrir des faveurs dont n’ont bénéficié ni le catholicisme ni le judaïsme, contraints par l’armée de la IIIe République de se soumettre à la loi de séparation de 1905 pour le premier et de se plier au diktat du Grand Sanhédrin de 1807, imposé par Napoléon Ier, pour le second. L’islamophilie a, au contraire, conduit l’État à ruiner la conception antérieure de la laïcité et à tolérer le refus, de la part des représentants de l’islam, de reconnaître la liberté de conscience et le droit de changer de religion. » Comment ne pas adhérer à une telle lucidité ? Annie Laurent