Philippe Grandjean
L'Indochine face au Japon - 1940-1945 Decoux-De Gaulle, un malentendu fatal
PRIX DE L'ACADEMIE DES SCIENCES D'OUTRE-MER
L'auteur décrit le fatal enchaînement né du malentendu entre la France libérée et une Indochine qui allait bientôt lui revenir intacte, avec les conséquences tragiques qui en ont découlé. Le 9 mars 1945 a engendré la guerre d'Indochine.
VALEURS ACTUELLES, François d'Orcival, octobre 2004 : Une autre guerre avant la guerre
On date le début de notre guerre d'Indochine du 19 décembre 1946, jour de l'insurrection du Vietminh à Hanoi.. Erreur d'optique : c'est le 9 mars 1945 que tout a basculé et qu'ont été allumés les détonateurs de la guerre qui allait suivre.
Le grand mérite de Philippe Grandjean, qu’il fut le condisciple du futur général Giap à Hanoi, et qui a vécu ces années-là en Indochine comme officier, est de remettre cette histoire dans sa vraie perspective, à travers un récit précis, limpide, puisé aux meilleures sources documentaires. Au début de l'été 1940, lorsque la France est battue, le général Catroux, puis l'amiral Decoux, gouverneurs de l’Indochine, cherchent un terrain d'entente avec la puissance dominante du Pacifique, les Japonais. Le 30 août, à Tokyo, est signé le protocole selon lequel est respectée la souveraineté française sur l'Indochine dés lors que les forces japonaises peuvent y camper. On appellera cela le statu quo. Il va subsister jusqu’en 19454, tandis que, dans l'ombre, se prépare, au nom du Général De Gaulle la résistance qui doit chasser les Japonais à la faveur d’un débarquement américain. Quelque chose ce qui s'est passé en métropole... Le 6 novembre 1944, le général Mordant, chef de la reprise des combats, télégraphie au général Juin ceci: « Si les japonais sont poussés à bout, ils nous casseront la gueule. Nous n'avons aucune arme moderne. » Le 25 janvier 1945, Paris brouille les pistes en déclarant: «En cas de débarquement américain localisé, on proclamera la neutralité... » S'il n'y a pas de débarquement américain, il y a bien des bombardements. Les japonais se persuadent que les Français jouent double jeu et que le débarquement en question va effectivement avoir lieu. Le 9 mars, jour même où tombe Iwo Jima, les japonais adressent un ultimatum à l'amiral Decoux qui le refuse avant d'être fait prisonnier. Suivent deux mois de combats intenses au cours desquels nos forces vont être étrillées (2119 tués sur douze mille soldats européens auxquels s'ajoutent autant d'Indochinois). La destruction de la souveraineté française, cinq mois avant la capitulation japonaise, va ouvrir la voie au soulèvement vietminh.
Voilà comment, dit Philippe Grandjean, s'est déclenchée cette "cascade de malheurs » qui allaient frapper le pays pour cinquante ans
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Au sommaire :
- L'Armée française de l'Indochine, une simple armée de maintien de l'ordre
- 1940-41 : l'Indochine française plie mais ne rompt pas
- Pour la survie de l'Indochine Française, trois conditions nécessaires et pas forcément suffisantes
- La souveraineté française : un pari tenu jusqu'à 1945
- Pourquoi Tokyo a-t-il respecté la souveraineté française de 1940 à 1945 ?
- La résistance de l'Indochine aux tentatives nippones de débordement
- La réforme de l'Indochine française en pleine guerre, antidote à l'action japonaise
- Une économie administrée, antidote à la pénurie et aux appétits japonais
- L'opinion indochinoise de 1940 au 9 mars 1945
- Le Français d'Indochine dans l'isolement des années 1940-1945
- Après 1942, espoirs d'une défaite japonaise et création d'une " Résistance "
- Le coup de force du 9 mars et ses suites
- Prolonger de cinq mois un statu quo de cinq ans ou tirer les moustaches du tigre ?
- Rendu crédible par les préparatifs français, le mythe du débarquement allié a causé le coup de force japonais
- Si la souveraineté française avait duré cinq mois et cinq jours de plus
- La période de l'occupation japonaise (9 mars au 15 août 1945)
- Le talent et la chance du Viet Minh
On a beaucoup écrit sur la deuxième Guerre mondiale et sur la guerre d'Indochine (1946-1954). Mais très peu sur l'étonnante aventure de l'Indochine dans la deuxième Guerre mondiale (1940-1945).
Isolée, soudain, d'une Métropole écrasée en juin 1940, l'Indochine française de l'amiral Decoux est restée, après 1942, le seul îlot " blanc " dans le raz-de-marée nippon d'après Pearl Harbor. Contrainte d'accepter un stationnement et un transit de troupes japonaises, elle a, au contraire de la France occupée, maintenu une souveraineté française entière et une armée libre de ses mouvements. Le tout au prix d'une allégeance appuyée au lointain Maréchal et d'une forte autorité, parfois marquée de bavures, mais toutes deux vitales, face aux Nippons, pour la survie de cette France du bout du monde. Inventive par, nécessité, elle a sauvé l'économie. Plus étonnant, elle a lancé un véritable " aggiornamento " du statut colonial, multiplié les écoles et les stades, réhabilité les patries et relancé leurs cultures. Cet " incroyable pari ", suivant le mot de L. Bodard, a tenu cinq ans. Pourquoi, le 9 mars 1945, moins de cinq mois avant Hiroshima, Tokyo a-t-il été conduit à balayer l'imperium français ?
L'auteur décrit le fatal enchaînement né du malentendu entre la France libérée et une Indochine qui allait bientôt lui revenir intacte, avec les conséquences tragiques qui en ont découlé. Le 9 mars 1945 a engendré la guerre d'Indochine.
Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- 2004
- Nombre de pages
- 298
- Hauteur
- 21.5
- Largeur
- 14
- Épaisseur
- 2
- Poids
- 0.340 kg
- ISBN
- 9782747568579
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