La neuvième cible

Recommandé par Présent - 25 mars 2022:

    "En 1992, après la fin de l’Union soviétique, la République moldave du Dniestr ou Transnistrie a proclamé son indépendance de la Moldavie qui venait elle-même d’être indépendante de l’URSS. L’ONU n’a pas reconnu cette sécession qui a entraîné des combats entre les forces moldaves pro-roumaines et des milices pro-russes.

    Dans son livre La Neuvième Cible (La Manufacture de livres, 158 pages, 16,90 euros), Pavel Kreniev s’est inspiré de faits réels pour rappeler le contexte géopolitique de cette guerre méconnue. Son approche n’est évidemment pas neutre puisqu’il est vice-président du conseil d’administration de l’Union des écrivains de Russie et ancien général-major du FSB, le principal successeur du KGB. Le récit est agréablement servi par la qualité de la traduction du romancier Thierry Marignac, fin connaisseur de la Russie et de l’Ukraine réelles.

     Selon l’auteur, les affrontements survenus en Transnistrie découlent de la volonté de l’Occident, dominé par les Etats-Unis, de créer un monde unipolaire en démembrant leur ancien adversaire à l’issue de la guerre froide. Ce projet a été facilité par la trahison de Boris Eltsine, « un homme qui conduisait les affaires non dans l’intérêt de la Russie, mais au profit de ses patrons américains », et qui n’a pas donné l’ordre d’intervenir à la 14e armée stationnée en Transnistrie alors que la Moldavie avait rompu le traité d’armistice.

    Le récit se situe donc en 1992 à Tiraspol, la capitale, où des tireurs d’élite prennent pour cible des civils. L’auteur les dépeint comme des mercenaires à la solde des services secrets roumains qui cherchent à discréditer les autorités de la République auprès de leur population. Un tireur d’élite russe est envoyé par Moscou avec pour mission « d’éteindre » ces snipers.

    Il se glisse donc dans la peau de ses proies en observant méthodiquement leurs terrains d’action et en étudiant les angles de tir utilisés afin d’en localiser l’origine. Il parvient ainsi à en « liquider » huit mais le dernier reste insaisissable. En fait, c’est une femme d’origine balte qui pourrait tenter d’assassiner le général Alexandre Lebed (futur candidat à la présidentielle russe et gouverneur de Krasnoïarsk, mort en 2002 dans un accident d’hélicoptère en Sibérie) en vue de compromettre le processus de règlement du conflit. Le tireur russe va donc traquer sa neuvième cible…

    Une chasse à la femme particulièrement ardue, et dont la fin sera tragique."