Gal André Bourachot
Les épurations de l'armée française 1940-1966
Le conflit de devoir de l'officier
LECTURES FRANCAISES, colonel Brière-Loth, 20 mars 2022 :
Extraits : Les épurations de l’Armée française de 1940 à 1966 : un sujet éminemment sensible d’où le maréchal Pétain n’est pas absent, mais qui est incontestablement dominé par la personnalité du général de Gaulle. En effet, sur les trois périodes qui découpent ces 26 années, il en est chaque fois l’élément principal : condamné dans la première, procureur dans les deux autres. C’est l’immense mérite de cet ouvrage que de relier, à travers Vichy, la Libération et la fin de l’Algérie française, les épurations successives qui frappèrent essentiellement les officiers soumis à des cas de conscience auquel ils ne sont, par nature, pas préparés, entre obéissances ou désobéissance au pouvoir politique légal. Un tract diffusé par la Résistance, en 1944, vient illustrer le terrible dilemme : « Obéir c’est trahir, désobéir c’est servir ». ...
Ce livre est remarquable tant par l’accumulation de faits probants, indiscutables et souvent méconnus, que par l’objectivité dont font preuve les deux auteurs : qu’ils en soient très vivement remerciés. C’est du vrai travail d’historien ! Le constat qu’ils dressent dès l’introduction : « il n’y a qu’en France que l’on trouve un tel acharnement du pouvoir sur ses militaires. » mériterait l’écriture d’un tome 2 qui étudierait les causes de ce phénomène, inexistant sous l’Ancien Régime, qui est apparu avec la Révolution et n’a pas cessé depuis, plus ou moins ouvertement selon les époques.
PRESENT, mai 2021 : lire l'article en entier Légitimité, légalité et morale ont rarement coïncidé
Le vrai problème (les auteurs nous en font la démonstration magistrale), c’est que le besoin d’affirmation de la légitimité originelle de De Gaulle est à la base de l’épuration des années 1940, qui commencera dans les colonies, franchira une étape avec la mort de Pucheu, pour s’achever aux poteaux du fort de Châtillon ou dans les prisons de la IVe République. Quant à l’épuration de l’Algérie française, elle a un fondement assez proche, et il faut se souvenir que c’est Mai 68 qui y a mis un terme, pas le gouvernement, de son initiative. En fait, dans ces affaires-là, légitimité, légalité et morale ont rarement coïncidé, et pour réécrire la saga gaullienne il fallait épurer, c’est-à-dire supprimer rétroactivement la légalité du régime de Vichy, « repenser, requalifier les actions du Maréchal dans le système juridico-historique du gaullisme victorieux », écrit le pertinent observateur Raymond Aron, dupe de rien.
Ou encore supprimer rétroactivement la parole donnée en 1958 aux Français d’Algérie, et aux musulmans fidèles à la France (souvent la « génération Monte Cassino », héros de la dernière guerre). De Gaulle a agi non en chef des armées, au-dessus des régimes et des choix politiques, mais en politique sans état d’âme, guidé par la seule foi en son propre destin. Or, c’est De Gaulle qui a gagné. Ce qui explique à la fois pourquoi tant de contemporains se sont opposés à lui, en tout cas beaucoup de patriotes, mais aussi pourquoi, plus on s’éloigne de l’époque, et plus le discours antigaulliste se trouve marginalisé. Puisque de Gaulle a gagné, Vae victis !, hélas.
Un livre qui fait réfléchir et qui, en creux, nous dessine néanmoins un De Gaulle bien peu sympathique.
C’est la première fois qu’un ouvrage aborde ainsi un sujet aussi sensible que méconnu. En l’étudiant sur une longue période, et en le replaçant dans une approche historique, il apparaît que prédomine une démarche d’ordre idéologique bien française qui explique largement ces épurations successives.
Au sommaire :
- Introduction - Prologue
- L'armistice de juin 40
- Le vainqueur de Verdun
- L'homme du 18 juin
- Etre officier après l'armistice
- Suivre De Gaulle de Mers El Kebir à Bir Hakeim
- L'épuration vichyste
- Quelques considérations sur la collaboration
- Collaboration militaire et paramilitaire
- L'armée d'Afrique, l'inconnue
- Trois jours d'incertitude
- Les premières semaines après le débarquement en AFN
- L'affrontement De Gaulle - Giraud, la difficile fusion des FFL et de l'armée d'Afrique
- Création du CFLN - Les débuts de l'épuration, ses bases juridiques
- Le tribunal d'armée à l'oeuvre
- L'épuration se poursuit et étend
- Quelques portraits d'officiers épurés
- Le dégagement des cadres - Bilan et interrogation sur l'épuration
- L'Empire après la Seconde Guerre mondiale
- Les guerres de décolonisation ; les origines de la contestation militaire
- Vers le Putsch
- La répression
- Epilogue ? - Sources et bibliographie - Index des noms..;
De 1940 à 1966, l’armée française a connu trois épurations successives, la première sous le gouvernement de Vichy du maréchal Pétain, la deuxième de 1943 jusqu’aux années qui ont suivi la Libération, la dernière de la fin de la guerre d’Algérie jusqu’à la veille des événements de mai 68. On connaît surtout de l’épuration celle qui a concerné le monde civil à la Libération ; en revanche, l’épuration militaire est beaucoup moins connue. Elle a pourtant présenté un caractère presque continu pendant plus d’un quart de siècle, durant lequel elle s’est exercée le plus souvent à travers l’action du général de Gaulle.
Ces épurations n’ont pratiquement touché que le monde des officiers, ceux-ci confrontés chaque fois à un choix qui ne pouvait, à un moment ou à un autre, que les faire entrer en conflit avec leur devoir d’obéissance.
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Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- 14 avril 2021
- Nombre de pages
- 496
- Hauteur
- 23
- Largeur
- 15
- Épaisseur
- 3.3
- Poids
- 0.576 kg
- ISBN
- 9782810010127
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