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De manière générale, l'action des services secrets révèle les véritables objectifs géopolitiques des Etats, ceux qu'ils ne peuvent proclamer officiellement mais dont ils poursuivent dans l'ombre la réalisation.
Les missions et les rôles des services évoluent aujourd'hui rapidement dans le contexte d'une compétition économique et technologique de plus en plus sévère, de la lutte contre le terrorisme international, les mafias et les trafics qui se généralisent à la faveur de la mondialisation.
Le chapitre consacré aux évènements du 11 septembre 2001 met en lumière les liens étroits existant à l'origine entre les réseaux Ben Laden et la CIA dans le contexte de la lutte menée en Afghanistan contre les Soviétiques, mais aussi l'opportunité d'installation en Asie centrale qu'ont su exploiter les Américains à la faveur de leur propre intervention contre le régime des talibans.
(Bulletin de l'association Pour L'Histoire - avril 2003 n°6)
Notre pays se distingue en effet de ses voisins européens (notamment de la Grande Bretagne) ainsi que des grandes puissances mondiales que sont les USA, la Russie ou la Chine par le peu de cas que l'on y fait trop souvent des « services secrets ». Il n'est pourtant pas possible à un Etat de jouer un véritable rôle international et d'assurer sa sécurité intérieure sans des « services » solides, suffisamment implantés à l'extérieur. Si l'on considère le prestige qui s'attache en Angleterre aux services de renseignement, il faut constater qu'ils ne disposent pas d'un statut comparable en France où une carrière dans les services n'est guère jugée valorisante. L'amiral Lacoste et le professeur Thual souhaitent donc modifier la vision qu'ont les Français des activités liées au renseignement et leur ouvrage apparaît comme une réflexion sur le rôle des services secrets dans l'Histoire, en même temps qu'une mise au point actualisée sur la question puisqu'un chapitre est même consacré au 11 septembre 2001 dans l'édition 2002 de l'ouvrage.
Des agents du père Joseph au « secret du Roi » mis sur pied sous Louis XV, la monarchie française a recherché l'information nécessaire à la conduite d'une grande politique européenne et cette tradition a perduré sous la Révolution et l'Empire, quand les agents français « couvraient » une partie du Proche-Orient musulman ou fournissaient à Napoléon les rapports nécessaires à une juste appréciation des affaires allemandes.
La IIIe République ne fut pas en reste, à une époque qui vit la France devenir, à travers son Empire colonial, une puissance mondiale mais l'effondrement de 1940 et la division qui affecta le pays durant les années qui suivirent affaiblirent considérablement les services français, difficilement reconstitués à l'issue de la guerre.
Le conflit indochinois, puis la guerre d'Algérie permirent pourtant au SDECE de remporter de remarquables succès mais, dans le contexte plus large de la guerre froide, il ne pesait que d'un poids modeste par rapport aux services américains, britanniques, voire ouest-allemands.
La remarquable impulsion donnée par le colonel Alexandre de Marenches sous les présidences de Georges Pompidou et de Valéry Giscard d'Estaing fut malheureusement remise en cause après 1981 et, en 1985, la malheureuse affaire du Rainbow Warrior porta un coup sévère à la crédibilité de la DGSE, héritière du SDECE, concurrencée désormais par le SGDN et par la Direction du Renseignement Militaire.
Le XXe siècle a été, en ce domaine celui des Anglo-Saxons.
Les Britanniques appuyèrent leur politique impériale sur une intense activité de leurs services, notamment au Proche-Orient, dans les Balkans et en Asie. L'interception du télégramme Zimmermann pesa de manière décisive en 1917 dans le renversement de l'opinion américaine en faveur de la guerre et l'on sait le rôle joué par le SOE de Buckmaster en Europe occupée durant la seconde guerre mondiale, au cours de laquelle le décryptage des codes secrets allemands doit également être mis à l'actif des Anglais.
Le second conflit mondial vit également l'essor des services américains, mais la dissolution de l'OS décidée par le président Truman laissa les Etats-Unis bien démunis au moment où débutait la guerre froide et il fallut dès 1947 créer la Central Intelligence Agency, complétée ultérieurement par d'autres services moins connus du grand public.
Les Soviétiques avaient obtenu dès l'entre-deux-guerres de remarquables résultats sur ce terrain, au point d'être en mesure de suivre la mise en úuvre du projet américain Manhattan de réalisation de la bombe atomique à partir du début des années quarante.
Grâce au général Gehlen et au BND, le service de renseignement de la RFA, les Américains surent récupérer les compétences et l'expérience accumulées par les Allemands sur les pays de l'est européen, ce qui a contribué à la préservation de l'équilibre entre les deux blocs et donc au maintien de la paix.
Du fait de l'ampleur des moyens mis en úuvre, la supériorité américaine est aujourd'hui incontestée et elle est symbolisée par l'extension du réseau Echelon, vaste système d'écoutes mondial auquel participent les Britanniques, qui suscite de légitimes inquiétudes jusque chez les plus fidèles alliés des Anglo-Saxons.
L'ancien patron de la DGSE et son interlocuteur révèlent également la dimension mondiale nouvelle que prend l'action de certains services.
Ils constatent l'importance de la pénétration chinoise en Asie du sud et en Afrique, de même que l'ampleur des actions menées par un petit Etat comme Israël, contraint de rechercher, au-delà d'un environnement arabe immédiat naturellement hostile, des alliances de revers parfois bien surprenantes en Turquie, en Afrique noire ou en Asie centrale.
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Fiche technique
- Nombre de pages ou Durée
- 190
- Hauteur
- 23.5
- Largeur
- 16
- ISBN
- 9782702504892