Préface d'Irène Fernandez
La longue durée montre que l'Afrique du Sud n'est pas LA « Nation arc-en-ciel » dans laquelle les déterminismes raciaux auraient disparu, mais l'assemblage artificiel de plusieurs peuples réunis par le colonisateur britannique à la suite de nombreuses guerres.
Or, ces peuples, qu'il s'agisse des Zulu, des Xhosa, des Sotho, des Venda, des Pedi, des Ndebele, des Indiens ou des Afrikaners, ont des langues différentes, des références historico-culturelles étrangères les unes aux autres et leurs intérêts sont contradictoires.
Après 1910, les Blancs, Britanniques d'abord, Afrikaners ensuite, constituèrent le ciment de cette mosaïque raciale ; puis, à partir de 1994, ce rôle fut tenu par l'ANC de Nelson Mandela devenu parti-État. En 2008, ce mouvement a connu une scission à l'occasion de laquelle a ressurgi l'ethno-régionalisme, tendance lourde niée depuis 1994 par l'idéologie officielle.
Au mois de mai 2009, succédant à Thabo Mbeki, Jacob Zuma fut élu président de la République. Après 15 années de pouvoir xhosa, un leader populiste zulu arrivait aux affaires dans un contexte économique et social plus que morose. Loin de la vision idyllique présentée par les médias, la réalité sud-africaine est tragique : près de deux décennies après l'accession au pouvoir d'une « majorité noire », l'Afrique du Sud cesse en effet peu à peu d'être une excroissance de l'Europe à l'extrémité australe du continent africain pour devenir un État du « tiers-monde » avec, certes, un secteur encore ultraperformant, mais de plus en plus réduit, surnageant dans un océan de pénuries, de corruption, de misère sociale et de violence.
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