Jean-Paul Guitton
"Ma prière, c’est la pensée" - Circonstances pour un portrait familial de Jean Guitton
L'HOMME NOUVEAU, D.R., mars 2024 :
Ce livre est tout sauf une hagiographie familiale ou, à l’inverse, un homme connu vu par le petit bout de la lorgnette. L’auteur, neveu du philosophe, publie ici un travail réalisé sérieusement à partir surtout de dossiers en sa possession. Et même si Jean Guitton s’est (trop) longuement raconté, dans son autobiographie et ailleurs, le lecteur intéressé ne perdra pas son temps avec cet ouvrage qui se lit avec un intérêt certain quoique inégal.
Jean Guitton a fréquenté ceux qui écrivent l’Histoire (« toute sa vie, il a flirté avec les illustres »), il lui est arrivé aussi d’en écrire quelques chapitres, qu’il s’agisse de celle de la France ou de celle de l’Église. Cet ouvrage informe sur plus d’un de ces « illustres » autant que sur Guitton lui-même, que nous voyons parfois à la limite de l’obséquiosité, parfois plus lucide.
Ceci nous vaut une galerie où, par exemple, saint Paul VI voisine avec Jivkov, le dictateur de la Bulgarie communiste et son énigmatique fille. Les épisodes où Jean Guitton a joué un rôle important – à son corps défendant pour ce qui est de l’Université française, ou non sans courage pour les médiations avec la mouvance de Mgr Lefebvre, ou encore durant la « fièvre verte » –, et les dessous de son élection à l’Académie française intéresseront les historiens, avec un je ne sais quoi chez Guitton de Tintin philosophe qui transpire souvent à travers l’homme sérieux. Et devant Dieu, qui était-il ? Cela aussi il en a parlé mais, sur le fond, cela reste le secret d’une âme.
LA NEF, Michel Toda, octobre 2023 :
Mort très âgé à l’extrême fin du XXe siècle, voilà qu’un sien neveu, polytechnicien de formation et ingénieur à la retraite, s’est appliqué à mobiliser maints souvenirs de famille pour faire revivre Jean Guitton.
Figure de proue du catholicisme, d’abord dans notre pays, et qu’il exaltera tout au long d’une œuvre talentueuse et abondante (parmi laquelle on doit citer, bien sûr, l’extraordinaire Portrait de M. Pouget ou encore, mémorial si profond, Une mère dans sa vallée), mais se heurtant à l’intelligence émancipée de la foi et soucieuse de son autonomie radicale. Si bien que les Difficultés de croire (titre du livre de controverse publié par lui en 1948), préoccupantes, non insurmontables, méritaient en tout état de cause l’examen et le débat.
Raconter son parcours ? Il connut, à partir de juin 1940, comme prisonnier de guerre, cinq ans de captivité en Allemagne, fut titulaire d’une chaire de philosophie à la Sorbonne entre 1955 et 1968, surtout serait le seul laïc (observateur ou auditeur) appelé en 1962 à la première session du concile, avant que, le 3 décembre 1963, lors de sa seconde session, Paul VI, ami très proche, lui donne l’occasion d’adresser la parole à cette assemblée hors de l’ordinaire – longtemps attendue, désirée et pourtant jugée impossible… Néanmoins, lui qui avait vu des périls à rester trop en arrière, il s’inquiéterait de l’herméneutique du concile, erronée et préjudiciable aux exigences de l’éternelle vérité.
Car, selon Jean Guitton, fidèle à l’idée de développement chère à Newman, l’Église ne pouvait inclure le nouveau qu’afin de demeurer identique. Un universitaire et un écrivain célèbre donc, un enseignant et conférencier à l’École supérieure de guerre, un peintre aussi, auteur d’un Chemin de Croix à Saint-Louis des Invalides, enfin, membre de l’Académie française et de l’Académie des sciences morales et politiques, une sorte de « cardinal vert » respecté (et peu écouté) des évêques. Qui pensait, au bout de son existence, « y ayant beaucoup réfléchi », que le catholicisme traversait « une crise sans analogue dans son histoire de vingt siècles ».
Toute sa vie, Jean Guitton s'est abondamment raconté, avec parfois une grande complaisance. De ce fait il a laissé dans l'ombre certains épisodes de sa vie, comme l'arbitrage suite à l'occupation de l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, ou la mission auprès de monseigneur Lefebvre, demeurés infructueux. L'auteur, neveu de l'académicien, donne son éclairage sur ces circonstances, en vue de contribuer à son portrait.
A partir d'archives familiales il traite de son amour passionné pour la vallée de la Tardes, en Creuse, dans laquelle il a situé le portrait de sa mère, des relations très étroites avec son frère Henri, de son expérience de la chose militaire, de son parcours universitaire, avec la douloureuse épreuve de l'Epuration, et de sa fièvre verte académique. Il évoque ses flirts avec des illustres. Il raconte un certain nombre de souvenirs familiaux, avec quelques précisions sur sa vie quotidienne.
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Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- Avril 2023
- Nombre de pages
- 424
- Hauteur
- 21
- Largeur
- 13
- Épaisseur
- 2.7
- Poids
- 0.478 kg
- ISBN
- 9782364529229