Un regard d'historien sur 40 ans de gâchis.
SELECTION PRIX DES LECTEURS ET AMIS DE PRESENT 2019.
PRESENT DU 30 OCTOBRE 2019, Monique Delcroix :
Dans la ligne du géographe Christophe Guilluy et du sociologue Jérôme Fourquet, Pierre Vermeren a écrit un petit livre énergique et percutant, La France qui déclasse, parfaitement sous-titré "Les Gilets jaunes, une jacquerie au XXIe siècle".
Toutefois, ce professeur d’université va plus loin que les auteurs précités en désignant les responsables du mal-être français : à savoir tous les responsables en charge de l’Etat. Une économie de type colonial Ce n’est pas par fatalité, mais bien par une politique volontariste que, depuis quarante ans, la France s’est désindustrialisée, a laissé péricliter son agriculture, a sacrifié ses villes moyennes. Tout cela s’est fait par idéologie. Les nouvelles classes dirigeantes ont tout misé sur le tertiaire, la rente et la financiarisation. Fin du savoir-faire français, abandon de l’ouvrier au profit du consommateur, sacrifice des petites villes maintenant cernées de ronds points et de zones marchandes aussi laides que médiocres. Ces bourgs qui étaient le tissu du pays sont livrés à l’arbitraire de maires qui font trop souvent la "course aux impôts locaux ".
LIBERTE POLITIQUE, 24 octobre 2019 :
Pour l’historien, la révolte des Gilets Jaunes qui a secoué – et qui secoue encore – la France en 2019 se présente comme une stimulation passionnante et pleine de défis. Elle renvoie à une période que l’on estimait révolue, celle des révoltes populaires, ces "poussées de fièvre" qui jalonnent l’Ancien Régime, des jacqueries du XIVème siècle à la guerre des farines sous le règne de Louis XVI. Pour l’homme politique, ce fut un épisode beaucoup plus douloureux, car les armes ont manqué pour prévenir et comprendre le mouvement. Et c’est bien à une approche d’historien que nous invite Pierre Vermeren dans son petit essai. En tant que tel, il analyse les mécanismes sociaux et politiques qui ont présidé à l’éclatement de la crise, et s’attarde particulièrement sur la désagrégation des couches populaires, qui font le soutien d’une société désormais sans chair vivante. Sur le plan des solutions, l’auteur invite assez classiquement à repenser le rôle de l’Etat dans la grande tradition française. On regrette qu’il ne s’interroge pas avec davantage de profondeur sur ce qui manque terriblement aujourd’hui aux classes révoltées : l’âme et la fierté d’être soi-même.
Sentiment de déclassement, blocage de l'ascenseur social, taxation fiscale alourdie : la République a failli dans sa promesse de justice et de réussite parle mérite. En deux générations, l'héritage gaullien a été dilapidé conduisant à une grave crise de confiance des Français envers leurs élites. Ainsi est née une révolte, dite des Gilets jaunes, qui nous renvoie aux prémices de la Révolution. Fin observateur de notre société, Pierre Vermeren, avec son regard d'historien, ausculte l'échec des politiques publiques et économiques depuis la fin des années 1970 : la désindustrialisation destructrice d'emplois, la déshumanisation des services, la déqualification qui entraîne la mésestime de soi, l'absence de réflexion sur l'aménagement du territoire et la rétraction des services publics qui brisent le lien social.
Une faillite entraînant le désenchantement des classes populaires et les populismes qui l'accompagnent. C'est un constat profond mais indispensable qu'il convient de regarder en face afin que l'Etat prenne tes décisions nécessaires pour les prochaines années en reconsidérant la France, toute la France.
Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- Mai 2019
- Nombre de pages
- 188
- Hauteur
- 19
- Largeur
- 12
- Épaisseur
- 1.6
- Poids
- 0.195 Kg
- ISBN
- 9791021039360