Essais choisis et préfacés par Alberto Manguel,
Traduction d'Isabelle Reinharez.
Sommaire :
- LE PARADOXE AMBULANT
- Du bonheur de courir après son chapeau
- Un morceau de craie
- Des avantages de n'avoir qu'une jambe
- Du bonheur de rester au lit
- Une course en taxi dans la campagne
- Le paradoxe ambulant
- Défense des raseurs
- L'amour du plomb
- Des couleurs dans une boîte de couleurs
- Le miroir
- Déménager
- Démence et lettres
- Le fou
- ÉCRIRE MAL
- Défense des romans de quatre sous
- Écrire mal
- Des mauvaises comparaisons
- Des croyances
- De la mauvaise poésie
- De bonnes histoires gâchées par de grands auteurs
- Des conventions romanesques
- Le roman de la rime
- Les petits oiseaux qui refusent de chanter
- L'humour
- Le théâtre de marionnettes
- Fausse théorie et théâtre
- Défense de la règle des trois unités
- Les tableaux allégoriques de Watts
- DÉFENSE DU NONSENSE
- Défense du nonsense
- Les contes de fées
- Un conte de fées
- La Grand-Mère du dragon
- L'ange rouge
- Le romantique sous la pluie
- L'âge des légendes
- L'âme de chaque légende
- La philosophie des îles
- Défense de la farce
- LE DÉFENSEUR
- Le défenseur
- Des usages funéraires
- Le secret d'un train
- Les droits du rituel
- Des dieux et des lutins du foyer
- Défense de la publicité
- Dans un pays à l'envers
- Donner des noms - de baptême ou d'oiseaux
- Le prêtre du printemps
- Tagtug ou l'arbre de la connaissance
- Du censeur
- L'amour romantique
- Du véritable artiste
- La vulgarité
- LE CULTE DES RICHES
- Les douze hommes
- Le culte des riches
- L'avare et ses amis
- Le fonctionnaire fou
- De l'enfant
- La perpétuation de la punition
- Si je n'avais qu'un seul sermon à prêcher
- Deux agents de police et une morale
L'HOMME NOUVEAU, Eric Picard, N°1817, octobre 2024 :
C’est un bonheur et une joie roborative de lire et relire Chesterton (1874-1936), et en particulier cet ouvrage des Belles Lettres Le Paradoxe ambulant, en 59 essais, même s’il s’agit de la réédition à l’identique du même ouvrage publié en 2004 chez Actes Sud. Ces essais sont regroupés en cinq chapitres. « Le paradoxe ambulant » nous invite, à partir d’anecdotes banales tirées de la vie quotidienne (un morceau de craie manquant, rester malade au lit, déménager, le plomb), à regarder autrement la réalité des êtres et de la nature (la Création), la tête en bas et les pieds à l’envers, car notre monde est à l’envers. Ainsi il est possible d’accueillir la réalité avec amour et tendresse, comme un don multicolore et une invitation au bonheur contemplatif. La lecture de la poésie et le regard poétique sur le monde sont salutaires : « Ce n’est pas l’imagination qui est la mère de la folie. Mais la raison. Les poètes ne deviennent pas fous ; les joueurs d’échecs, si. Les mathématiciens deviennent fous, et les caissiers. »
« Écrire mal » nous montre ensuite l’ampleur et la profondeur des goûts et convictions artistiques (littérature et peinture) de Chesterton, mais exige de bien connaître la culture et la civilisation britanniques. Dans « Défense du nonsense », Chesterton l’enchan - teur nous fait entrer dans cette nouvelle littérature du nonsense indispensable à notre monde triste, désespéré et désenchanté par tant de fausses valeurs et d’idées délirantes, car « la littérature est un luxe ; la fiction, une nécessité ». Contes de fées, dragons, anges rouges et même farces (dont celles d’Aristophane, Rabelais et Shakespeare) émerveillent nos coeurs et nos âmes d’enfants. Grâce au nonsense le monde réenchanté retrouve ses sens et son sens. Avec « Le défenseur », Chesterton s’en prend avec verve à la modernité matérialiste, orgueilleuse et antitraditionnelle, qui méprise et dénature tout : les usages funéraires, les droits du rituel, les dieux et les lutins du foyer, etc. « Le culte des riches », enfin, reprend bien des éléments de sa critique sociale : dénonciation bien sûr des riches et du culte de l’argent, de l’État et de la loi au service des puissants. Défense aussi des petits, des hommes ordinaires, des enfants et des condamnés qui ont purgé leur peine. Chesterton nous y prêche son unique sermon : sur l’orgueil. Grâce à son bon sens et son génie poétique, Chesterton nous fait passer du visible des mots à l’invisible qui nous dépasse et nous attend.
« Quand on lit Chesterton, on se sent submergé par une extraordinaire impression de bonheur. Sa prose est le contraire d’académique : elle est joyeuse. Ses mots rebondissent dans un jaillissement d’étincelles, tel un jouet mécanique soudain venu à la vie, cliquetant et tourbillonnant de bon sens, cette merveille étonnante entre toutes. Le langage était pour Chesterton un jeu de construction avec lequel fabriquer des théâtres de marionnettes et des armes pour rire […].
Que les événements et leurs causes changent en fonction de la façon dont on les raconte, représentation de leurs traits communs ou de noirs océans de différences ; que notre compréhension de l’univers puisse dépendre de l’arrangement de mots sur une page et de l’inflexion donnée à ces mots ; que les mots, à la fin, soient tout ce que nous avons pour nous défendre et que la valeur des mots, comme celle de nos individus mortels, se cache dans leur faillibilité même et dans leur élégante fragilité, tout cela, Chesterton le savait et n’a cessé d’en rendre compte. Que nous ayons ou non le courage d’être d’accord avec lui, voilà, manifestement, une autre question. »
Fiche technique
- Collection
- Le goût des idées
- Reliure
- Broché
- Parution
- 2024
- Nombre de pages
- 512
- Hauteur
- 19
- Largeur
- 12.5
- ISBN
- 9782251455990