Franquin - Les secrets d'une œuvre

MEDIAS PRESSE INFO, janvier 2024 :

  Bob Garcia est un passionné de littérature populaire, de musique et de bande dessinée. Cette fois, il s’intéresse à un autre géant de la bande dessinée : Franquin. Comme à son habitude, Bob Garcia s’est attelé à un travail de fourmi pour décrypter les principales créations d’André Franquin en examinant plusieurs critères : les sources, influences, ou réminiscences de cet auteur ; l’aspect historique ; l’aspect autobiographique et bien sûr les innombrables clins d’œil adressés aux lecteurs. Bob Garcia s’est donc plongé dans la lecture intégrale et minutieuse des aventures de Spirou imaginées par Franquin, mais aussi de celles de Modeste et Pompon et bien sûr de Gaston Lagaffe, sans oublier les Idées noires.

   Quand Franquin voit son premier dessin publié, il n’a encore que 11 ans et demi. Il a participé à un concours de dessins organisé par La Nation belge à l’occasion de l’Exposition universelle de 1935. Son dessin d’un Indien a été retenu et paraît le 4 août 1935. L’année suivante, André Franquin entame ses humanités à l’Institut Saint-Boniface, école catholique qu’avait fréquentée Hergé avant lui et où il était considéré avec admiration. A l’étude, le jeune Franquin se plonge avec passion dans les aventures en noir et blanc de Tintin. Complicité subtile entre Franquin et Hergé Hergé est une importante source d’inspiration pour Franquin.

   Bob Garcia démontre avec maints exemples précis l’étonnant dialogue existant entre les œuvres de Franquin et d’Hergé. Cela se constate dès le début dans les aventures de Spirou en Afrique publiées de décembre 1946 à septembre 1947 dans le journal Spirou. Franquin revisite de façon évidente le folklore de l’album Tintin au Congo. Comme Hergé, Franquin subira des critiques pour ces pages qui se déroulent également au Congo. Franquin se défendra de tout racisme : “Je ne suis pas raciste moi-même, mais ce n’est pas une raison pour ne jamais dessiner un Noir en caricature. Je dessine des Noirs ridicules autant que je dessine des Blancs ridicules. Si tu regardes mes gueules, le doute n’est pas permis.”

   Mais pour en revenir aux clins d’œil entre Franquin et Hergé, Bob Garcia en a repéré une longue liste qui s’étend durant de longues années, comme un jeu. Références et clins d’œil Bob Garcia dévoile aussi les références de Franquin à Disney ainsi que l’influence du cinéma burlesque américain. Avec un sens du mouvement quasi instinctif, Franquin transpose en dessin les effets visuels et principes narratifs du cinéma. Comme Franquin aime les voitures, il ne manque pas une occasion de dessiner une grande variété de belles carrosseries. Les références au “vieux Bruxelles” sont aussi nombreuses.

   Sont aussi répertoriés dans ce livre les clins d’œil personnels (il se dessine en compagnie de son épouse dans Il y a un sorcier à Champignac) ou à l’égard de ses confrères et amis du monde de la BD (références à Claire Brétécher, Raoul Cauvin, Greg, Jidéhem, Lambil, Raymond Macherot, Morris, Peyo, Jean Roba, Tibet, Maurice Tillieux, Will, etc). Notre scrutateur de bandes dessinées rappelle aussi que Gaston Lagaffe surgit le 27 février 1957 dans les pages de Spirou où il erre et divague de façon un peu anarchique. Il n’est alors pas destiné à durer, encore moins à devenir un personnage central. Cet anti-héros deviendra pourtant la vedette la plus associée au nom de Franquin, avec le Marsupilami. Bob Garcia évoque aussi le rôle qu’a joué la dépression de Franquin dans ses œuvres. L’album QRN sur Bretzelburg s’en ressent particulièrement. Les amateurs de l’âge d’or de la bande dessinée redécouvriront avec intérêt, amusement et parfois étonnement cette relecture analytique de l’œuvre de Franquin.