L'art d'être chrétienne

   « Il y a dans les âmes quelque chose de plastique et de dyna­mique, des puissances qui doivent jouer, sous peine de s’en aller dans la vie comme des mondes morts dans l’espace. Dieu est vivant, Lui qui donne la vie ; le christianisme est vivant, de par son chef qui en est la tête, et de par ses continuateurs, nous tous qui en sommes les membres. Il ne s’agit donc pas de recevoir une fois pour toutes l’idée de Dieu et de la regarder comme à jamais abstraite, lointaine et flottante dans du vague, entre ciel et terre. Non plus de laisser stagner en nous la force vitale du christia­nisme ; il est trop de chrétiens inertes ! Pas davantage de n’en prendre que les gestes sans l’âme, ou de s’enfoncer dans des croyances ouatées, capitonnées à notre usage, où s’étouffent tous les heurts du dehors et du dedans. Encore moins de rétrécir à nos courtes vues ce qui est immense, ou de nous donner des airs si rigides qu’au lieu d’amener les autres vers l’idée chrétienne, on les en éloigne.

   Ce sont là, parmi d’autres, des manières déplaisantes ou fausses d’être chrétien ou chrétienne. Ce qui implique qu’il en existe de contraires, lesquelles se fondent en une façon d’être chré­tienne, à la fois agréable, pleine et vraie. Une façon profonde et vivante pour soi-même, compréhensive et attractive vis-à-vis d’autrui. Et cette façon, indépendante des formes de spiritualité ou plutôt qui les enveloppe toutes de charme surnaturel, c’est simplement l’art d’être chrétienne. »