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Sophie Brunel  - Sa Majesté le Maïs - La plante que nous adorons détester mais qui sauve pourtant le monde
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Sophie Brunel

Sa Majesté le Maïs - La plante que nous adorons détester mais qui sauve pourtant le monde

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Ne tuons pas l'épi aux grains d'or !

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BOULEVARD VOLTAIRE, mars 2024 : « Les importations massives d’Ukraine ont déstabilisé des filières agricoles »

   Sabine de Villeroché :

   Pourquoi accorder autant d’importance au maïs ? À qui profite la régression de sa culture en France ?

   Sylvie Brunel : Le maïs est la première plante échangée au monde avec le blé. On en produit 1.200 millions de tonnes (MT), autant que le blé et le riz réunis, dans plus de 150 pays. La guerre alimentaire et agricole aujourd’hui est la guerre du maïs, dont l’Europe est, avec la Chine, la première importatrice mondiale. La France reste la première exportatrice mondiale de semences de maïs, véritable nerf de la guerre alimentaire, dont la moitié est à destination de l’Europe. Mais les surfaces (84.000 hectares en France) régressent tandis que celles de la Russie progressent (48.000 hectares). Nous achetons des maïs que nous ne voulons pas voir cultivés chez nous : génétiquement modifiés, issus d’exploitations gigantesques, traités avec des molécules interdites en Europe.

   Voir diminuer la culture du maïs en France est d’autant plus stupide que cette céréale, loin de consommer « trop » d’eau, optimise l’eau qu’on veut bien lui donner (un quart, seulement, du maïs cultivé en France est irrigué, principalement les semences, le maïs doux et le maïs pop-corn). Elle fournit des rendements record sans épuiser les sols, pousse en cinq mois seulement, ce qui permet une vraie biodiversité intra-annuelle sur la parcelle, donc la fourniture de beaucoup de biomasse, est très peu traitée, abrite une grande biodiversité, entretient l’humidité, capte une quantité record de carbone, ce qui la rend essentielle aux plans climat, et sert de pilier à la chimie verte, celle du biosourcé, comme aux agrocarburants et, bien sûr, aux 1.500 usages que sa teneur en amidon autorise : le maïs permet de remplacer les énergies fossiles par une énergie propre, verte, renouvelable. Sans reproches, contrairement à nos préjugés, qui se fondent sur un véritable racisme botanique (elle a toujours été perçue comme étrangère, illégitime), elle est aussi sans gluten, ce qui la rend d’autant plus précieuse.

   Ce n’est pas un hasard si les civilisations précolombiennes l’avaient déifiée et si elle progresse partout dans le monde. Les guerres alimentaires d’aujourd’hui sont des guerres du maïs ! J’ajoute que, pour les éleveurs, elle apporte une grande sécurité par ses rendements, ses qualités pour une gastronomie d’exception, des laitages au foie gras, en passant par les volailles AOP, le porc noir de Bigorre, etc.

   Le maïs : indispensable et pourtant mal-aimé ! Adulée à travers le monde, où elle ne cesse de progresser, la culture du maïs régresse en Europe, qui en est devenue la première importatrice mondiale, avec la Chine. Pour nourrir l'humanité en quête d'aliments de qualité, préserver les sols, la biodiversité et le climat, aucune plante n'égale pourtant la céréale des Dieux, pilier des civilisations amérindiennes, aliment anti-famine des pauvres ! En France, première exportatrice mondiale de semences de maïs, ce nerf de la guerre alimentaire, nous l'accusons de tous les maux, en particulier du gaspillage de l'eau. Il en fait pourtant le meilleur usage possible pour assurer la transition écologique !

   Alors ne tuons pas l'épi aux grains d'or ! 

Sophie Brunel
Le Rocher

Fiche technique

Reliure
Broché
Parution
2024
Nombre de pages
288
Hauteur
20.5
Largeur
14
Épaisseur
2.5
Poids
0.354 kg
ISBN
9782268110011