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Traduction de Dorothy Collins - Maurice Le Péchoux
Saint Thomas d'Aquin, avec son bon sens habituel, disait que ni la vie active ni la vie contemplative ne sauraient être vécues sans distraction, sous forme de plaisanteries et de jeux.
Le drame ou l'épopée pourraient bien être appelés : vie active de la littérature; le sonnet ou l'ode: vie contemplative.
Quant à l'essai, c'en est la plaisanterie.
L'essai est la seule forme littéraire qui avoue, dans son nom même, que l'acte irréfléchi connu comme étant l'écriture est véritablement un saut dans l'inconnu.
Quand des hommes essaient d'écrire une tragédie, ils n'appellent pas la tragédie un essai. Ceux qui ont peiné tout au long des douze livres d'une épopée, à l'écrire de leur propre main, ont rarement prétendu qu'ils avaient composé une épopée à titre d'expérience. Mais un essai, tant par son nom même que par sa véritable nature, est vraiment une tentative et vraiment une expérience.
Un homme n'écrit pas vraiment un essai. Il essaie véritablement d'écrire un essai. Il en résulte que, bien qu'il existe maints essais fameux, il n'y a fort heureusement aucun essai modèle. L'essai parfait n'a jamais été écrit, pour la simple raison que l'essai n'a jamais été vraiment écrit. Les hommes ont tenté d'écrire quelque chose pour découvrir ce que c'était censé être. À cet égard l'essai est un produit typiquement moderne, plein d'avenir et à la louange de l'expérience et de l'aventure.
Il reste en soi quelque peu évasif et je dois reconnaître que je suis poursuivi par le vague soupçon que l'essai va probablement devenir plus péremptoire et plus dogmatique, tout simplement à cause des divisions profondes et implacables que peuvent nous imposer les problèmes éthiques et économiques.
Mais espérons qu'il y aura toujours place pour l'essai qui en soit vraiment un.
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Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- 2010
- Nombre de pages ou Durée
- 230
- Hauteur
- 19
- Largeur
- 12.5
- ISBN
- 9782825140734