PRIX RENAISSANCE 2009
Le Figaro, lundi 24 septembre 2007
Le dictionnaire des idées reçues est devenu un cliché contemporain pour fustiger les idées des autres, tenues pour conformistes ou ridicules. Voilà pourquoi Ghislain de Diesbach a entrepris un Petit Dictionnaire des idées mal reçues. Homme du meilleur monde, l'auteur sait recevoir et s'il accueille mal quelques niaiseries d'aujourd'hui, il a ses raisons. Qu'il a longtemps gardées pour lui. Ou partagées avec un petit cercle de happy few, qui savourait une verve nourrie aux bons auteurs et polie dans les salons proustiens. Les voici exposées au plus grand nombre. Esprits frileux s'abstenir. Diesbach n'en finit pas de relever avec M. Teste que la bêtise fait des progrès. Ainsi, il note avec drôlerie la résurrection du mot « bouffon » éteint avec le dernier roi fainéant. Il s'étonne encore que le taux de suicide des Français ait chuté entre 1940 et 1945 et regrimpé ensuite comme si l'épreuve commune avait renforcé le goût de vivre. Il se demande si la fin de la domesticité n'a pas appauvri la littérature, en la privant des amours ancillaires et autres vengeances de fils du régisseur. Amateur d'aphorismes, il cisèle ses formules : « C'est une grande force que de ne pas avoir été jeune à vingt ans car on n'a pas eu des opinions qu'il faut renier à quarante. » Diesbach, c'est Léautaud par la noirceur, Rivarol par la clarté et Marcel Aymé par ce refus du confort intellectuel, cette terrible épidémie moderne et contagieuse. Mais foin de comparaison, Diesbach, c'est Diesbach.
Etienne de Montety
La Nef, n° 187, novembre 2007
Il y a tout à craindre de telles entreprises qui tournent facilement à la banalité et à l'ennui. Avec ce Petit dictionnaire, nulle crainte de rencontrer ces écueils. Le livre surprend d'emblée par sa liberté de ton et par la qualité de la réflexion. Certes, il choquera à l'évidence les esprits habitués au robinet d'eau tiède que nous déversent les médias en guise de pensée. Il pourra aussi agacer par le côté cynique ou désabusé de certaines propos (« Le véritable amour est une trêve entre deux égoïsmes », « En amour, comme en politique, il y a des appétits plutôt que des sentiments ou des convictions », « La France d'aujourd'hui : des gouvernants sans scrupule et des sujets sans civisme »). Ici, notre auteur ne prend pas de détour pour combattre le « politiquement correct » et cela apporte finalement un véritable ballon d'oxygène qui fait du bien. Ses propos sont souvent très réactionnaires, marqués par un humour grinçant, mais il faut reconnaître qu'ils visent juste assez souvent, comme sur la grève, sur la gauche et la droite (« Il existe en France actuellement deux grands partis de gauche, dont l'un s'appelle la droite »), la France (« La France est un pays où l'on a longtemps pensé comme à Moscou, mais en voulant vivre comme aux États-Unis »...(Patrick Kervinec)
Avec le sens aigu de la formule chic et choc, et le beau style qui le caractérise, Ghislain de Diesbach, en héritier de Voltaire, nous invite à cueillir les fruits acidulés de son jardin des lettres. De A comme... Abrutissement, Amour ou Aide Humanitaire à Z comme... Zidane, Zen, ZAC...
Catégories | Livres Littérature Divers Prix Littéraires et Sélections Jury |
Éditeur | Via Romana |
Parution | 2007 |
Nombre de pages ou Durée | 180 |
Hauteur | 24 |
Largeur | 16.5 |
ISBN | 9782916727165 |