Préface de Catherne Distinguin, administrateur de l'association Avenir de la langue française.
Xavier Soleil nous livre ici, en guide de viatique, un choix lumineux pour attiser notre curiosité spirituelle et forcer les barrières mentales qui nous sont imposées en ce début de XXI° siècle.
PRESENT DU 13 FEVRIER 2016 : Xavier Soleil, 4e série !
Xavier Soleil, infatigable lecteur, passionné d’histoire littéraire, poursuit son travail d’abeille butineuse avec un quatrième volume de Partis pris (éd Nivoit, tirage limité). Ses recherches le conduisent jusqu’en Angleterre, avec un texte (et une photo) du romancier Ford Madox Ford, mais ses deux figures de proue restent Charles Maurras et René Benjamin, « qui n’était pas maurrassien », précise-t-il. Je ne le suis pas non plus, mais Xavier Soleil a su extraire (pp. 56-57) des éditoriaux de L’Action française une page qui reste éclatante aujourd’hui, éclatante parce que Maurras s’y montre plus nuancé, plus subtil, plus concret aussi, que souvent : c’est la page de 1926 sur l’inauguration de la mosquée de Paris (« Fasse le ciel, conclut-il, que les nations musulmanes ne soient jamais grisées par le sentiment de notre faiblesse ! »)
PRESENT DU 17 SEPTEMBRE 2016 - Francis Bergeron : Défense et illustration des « petits » auteurs
« Me sera-t-il permis de répéter que la bibliothèque de mon père a été le fait capital de ma vie ? La vérité est que je n’en suis jamais sorti » : ce constat de Jorge Luis Borges, nous sommes certainement nombreux à l’avoir fait nôtre. Nous sommes nombreux à avoir fait notre éducation littéraire en piochant un peu au hasard dans la bibliothèque familiale, une bibliothèque qui correspondait sans doute assez peu à la sélection obligée de l’intellectuel de l’époque. Et pourtant, certains de ces livres, dont les auteurs n’ont pas droit à une place dans les manuels, ont pu nous laisser une impression si forte que, dans notre Académie française personnelle, nous les plaçons très haut.
Xavier Soleil. Il a entrepris de publier une série de Partis pris, des études sur des auteurs qui lui sont chers, mais qui ont rarement les bénéfices de rééditions, d’études universitaires, rarement les places d’honneur dans les manuels. Son quatrième volume des Partis pris évoque par exemple René Béhaine, Gustave Thibon, Jean Daudat, Pierre Boutang, Roger Bésus ou Hyacinthe Dubreuil.
Auteurs mineurs ? Tout dépend du point de vue où on se place. En tout cas, c’est « un choix lumineux pour attiser notre curiosité spirituelle et forcer les barrières mentales qui nous sont imposées en ce début de XXIe siècle », écrit, fort justement, sa préfacière.
Et puis, un jour, Xavier Soleil s’est lancé et a créé une revue, spécialement dédiée à un seul de ces « petits » auteurs, René Benjamin. Il nous a fait redécouvrir le longiligne auteur de Gaspard (prix Goncourt 1915), nous a rappelé qu’à son époque cet auteur était important. Et surtout il nous a donné envie de nous y intéresser à nouveau, de relire son Gaspard, de réévaluer, dans notre bibliothèque, son Molière, son Balzac, son Guitry, son Antoine (l’homme de théâtre), son Maurras, et de conclure que, décidément, La Galère des Goncourt est l’une des meilleures critiques du milieu des « gens de lettres ».
En publiant la 4ème série de ses Partis Pris, Xavier Soleil récidive et fait œuvre salutaire. Il bouscule avec efficacité l'embrigadement idéologique qui impose sa loi depuis plus d'un demi-siècle en France.
La référence à l'essai sur la nature du pouvoir royal en France de Jean de Pange qui dégage les caractères essentiels de la vieille royauté française ne peut laisser indifférent. Il est captivant aussi de découvrir que l'homme qui fit "don de sa personne à la France pour atténuer son malheur", -j'ai nommé Philippe Pétain-, qu'on calomnie et salit encore volontiers de nos jours, bénéficia de solides amitiés, et en compte toujours.
Un espace privilégié est consacré à René Béhaine et à René Benjamin, chers à l'auteur des Partis pris, sans oublier des notes de lecture qui font référence à Maurras, Morand, La Varende et Jünger.