Le Blog de Bernard Antony, juin 2015 :
Je lis avec ravissement la chronique de ce jour d’Éric Zemmour dans le Figaro.Toute de clarté et de culture bainvillienne. C’est que l’on vient de rééditer le " Doit-on le dire ? " publié par Jacques Bainville lui-même en 1924. Il s’agit là de ses articles parus dans l’hebdomadaire Candide.
Je crois avoir dans ma bibliothèque à peu près tout ce qui a été publié des écrits de cet homme. Bainville a apporté aussi bien à la réflexion politique, à l’histoire, au roman, à la critique littéraire et artistique ses dons de luminosité, de logique, d’humour. Et aussi, véritablement, pour ce qui est de lui, de prophétie, ce mot tant galvaudé.
Depuis longtemps, j’ai une fréquente habitude apéritive, avant d’écrire sur la politique, d’ouvrir « Doit-on le dire ? », que j’ai dans sa première édition, et d’en parcourir et méditer un ou deux articles. Bainville, c’est la constante vérification, au plus haut sommet de l’art de penser et d’écrire, des deux alexandrins si souvent justement cités de Boileau : " Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément ".
À l’appui de son évocation de la fulgurante perspicacité de cet homme, Zemmour cite, très judicieusement choisies, quelques-unes de ses réflexions.
Pour la conclusion de sa chronique, il évoque qu’en 1936, il ne reste plus à Bainville que quelques mois à vivre. Tous les esprits éclairés ont compris enfin, après lui, que la guerre était inévitable, ce que niait encore à l’époque un Léon Blum gravement coupable de déni de réalité. " Bainville, écrit Zemmour, triomphe, mais il a le triomphe triste ". Il cite le grand penseur ayant l’élégance, sans se nommer lui-même au premier chef, d’évoquer ceux qui ont eu raison avec lui. Il s’agissait naturellement de Maurras, de Daudet et quelques autres. Bainville donc : " Mais, sur Hitler et le reste, ceux qui ont eu raison ont eu tellement raison qu’ils auraient préféré que l’erreur fût de leur côté. Ils ne triomphent pas. Peut-être sont-ils sages. Ils se rappellent qu’à force de voir juste, la pauvre Cassandre se rendit odieuse et fut massacrée ". Zemmour : " Les leçons de Bainville sont éternelles : c’est bien pour cela qu’on ne les écoutera pas plus aujourd’hui qu’hier ".
Ne suffit-il pas en effet de remplacer pour ce qui est de notre époque dans les phrases de Bainville le nom d’Hitler par le mot " islam " ?
"Ce volume, formé des articles qui paraissaient chaque semaine dans Candide, est l'un des plus représentatifs du talent de Jacques Bainville. La variété des sujets traités y est le signe de la curiosité et de l'étendue de l’esprit de son auteur.
L’article court, genre qui oblige à une concentration de pensée et d’expression devait tout naturellement tenter un écrivain comme Jacques Bainville. A lire ce recueil, on verra qu’il y a excellé. Sur toutes les affaires, petites ou grandes, qui ont occupé Paris et la France depuis 1924, Jacques Bainville confie ici ses impressions. Une représentation théâtrale, une lecture, une publication des lettres de Napoléon, une candidature aux élections législatives, les déclarations d’un ministre, les crises financières, les difficultés diplomatiques, tout est objet de remarques pittoresques et de réflexions valables.
Mais ce qui fait la valeur exceptionnelle de ces articles séparés, c’est que Jacques Bainville qui avait une vaste culture et qui avait beaucoup réfléchi savait qu’il n’y a pas de questions isolées. Ce recueil est le livre d’un historien et d’un philosophe d’où sa sérénité constante et son unité."
Extrait de la préface d'origine d'André Chaumeix, 1939.
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Fiche technique
- Parution
- 2015
- Nombre de pages ou Durée
- 370
- Hauteur
- 19
- Largeur
- 12.5
- ISBN
- 9782251200507