Jean-Marc Berlière - Histoire d’une falsification - Vichy et la Shoah dans l’Histoire officielle et le discours commémoratif
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Jean-Marc Berlière

René Fiévet, Emmanuel de Chambost

Histoire d’une falsification - Vichy et la Shoah dans l’Histoire officielle et le discours commémoratif

22,00 €
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Tout récit mémoriel public repose sur une morale. Peut-on bâtir durablement une morale citoyenne sur le faux, le mensonger, le falsifié ? C’est, en définitive, la principale question qui est posée dans ce livre.

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POUR UNE HISTOIRE SCIENTIFIQUE ET CRITIQUE  DE L'OCCUPATION

   Le point de départ de ce livre est un long texte d’Emmanuel, adressé à un certain nombre de personnes pour la plupart membres de HSCO, et pointant, sur le registre assez ironique dont il est coutumier, tous les aspects contestables, voire les inexactitudes manifestes, du discours d’Emmanuel Macron à Pithiviers le 17 juillet 2022. Ensuite, toujours à propos de ce discours, il y eut un article de Jean-Marc publié dans la revue Causeur au mois d’août (« C’est l’histoire qu’on assassine »). De fait, l’idée a germé dans l’esprit d’Emmanuel et Jean-Marc qu’il serait possible de faire encore plus sur ce sujet. A cet effet, Jean-Marc a contacté René à la fin du mois de juillet pour lui demander s’il accepterait d’être associé à ce projet. Il a immédiatement donné son accord, avec même un certain enthousiasme car cela faisait longtemps qu’il avait envie d’écrire quelque chose sur le sujet.

   A l’origine, l’idée était d’être publié par Gallimard dans la collection « tract », c’est-à-dire un petit pamphlet d’une quarantaine de pages. Jean-Marc a écrit aux éditions Gallimard, mais n’a jamais reçu de réponse. Par l’intermédiaire du journaliste Eric Conan, très favorable à l’idée de ce livre, Jean-Marc a pris contact avec la maison d’édition L’Artilleur (Damien Serieyx) qui a accepté le projet. Il s’agirait cette fois-ci de quelque chose de beaucoup plus substantiel qu’un simple pamphlet, avec l’objectif de couvrir le sujet dans tous ses aspects de la façon la plus complète possible.

   La structure du livre a été très facile à déterminer, en s’appuyant sur les points forts de chacun : l’histoire pour Jean-Marc, l’historiographie pour Emmanuel, et l’analyse des politiques mémorielles en ce qui concerne René. L’idée de base est la suivante : on assiste depuis une trentaine d’années à une surenchère mémorielle qui se traduit par un récit faux historiquement, sous l’impulsion d’historiens devenus idéologues, avec des conséquences directes sur le discours public mémoriel.

   Le cœur du livre est bien sûr l’analyse historique, prise en charge par Jean-Marc, qui s’attache à rétablir la vérité historique. Surtout, il remet au premier rang l’écrasante responsabilité des Allemands dans le drame de la déportation, totalement absente du discours d’Emmanuel Macron. S’agissant de la responsabilité française, le livre s’écarte de la version développée par Serge Klarsfeld, totalement axée sur le rôle exclusif de Bousquet dans les négociations avec les Allemands, présenté comme une sorte d’électron libre uniquement guidé par ses propres objectifs personnels (l’autonomie de la police française). Le livre développe l’idée que Bousquet, en réalité, n’a fait qu’obéir aux instructions de Laval et que, contrairement à la thèse de Klarsfeld, le marchandage protection des juifs français contre livraison des juifs étrangers est au cœur de la négociation entre Vichy et les Allemands. De ce point de vue, le livre se situe clairement dans la lignée des travaux de l’historien Alain Michel.

   Ensuite, Emmanuel analyse les dérives de l’historiographie. Sa thèse est que ce phénomène n’est pas le seul fait des historiens, mais semble aussi avoir répondu à une demande des milieux intellectuels français à partir des années 70, sans doute en réaction au discours gaulliste-résistant des années d’après-guerre. Cette conjonction entre historiens et milieux intellectuels a été par la suite largement relayée par les médias qui jouent dorénavant un rôle déterminant dans le récit historique actuel sur cette période. Emmanuel fait son miel de la source inépuisable d’erreurs et inexactitudes diffusées dans les médias avec, hélas, la complicité active des historiens idéologues. Il pointe aussi les contradictions de Serge Klarsfeld, et notamment les différences entre ses écrits d’hier (Vichy-Auschwitz en 1983) et d’aujourd’hui.

   Dans la troisième partie, consacrée aux politiques mémorielles, René développe l’idée selon laquelle ces historiens idéologues (Serge Klarsfeld, Annette Viewiorka, Pascal Ory, Laurent Joly …) sont devenus des historiens organiques de la mémoire nationale (au sens où l’entendait Antonio Gramsci), exerçant une influence directe sur le discours présidentiel. Ce qui caractérise ces historiens, ce n’est pas leur production intellectuelle, c’est leur place dans le champ politique et social. Il procède à une longue analyse de l’évolution de ce discours présidentiel au cours des trente dernières années, en abordant notamment un certain nombre d’aspects juridiques souvent méconnus (l’ordonnance du 9 août 1944, le décret du 3 février 1993, la loi du 10 juillet 2000, la jurisprudence du Conseil d’Etat, et notamment le fameux arrêt Papon de 2002). Sa thèse est que ce discours volontairement culpabilisateur (« la faute de l’Etat », « la faute de la France », « un crime commis en France par la France », dixit François Hollande) est un discours pétainiste au strict sens politique du terme, en ce sens qu’il postule que la souveraineté française au cours de cette période a bien été représentée par le régime du maréchal Pétain. En effet, sans cette re-légitimation du régime de Vichy, on ne peut pas établir de culpabilité nationale. Il appelle cela le « pétainisme légitimiste ». C’est le formidable paradoxe du discours mémoriel actuel qui relègue au rang des accessoires la France libre et la Résistance, dont le seul rôle dans notre histoire a été de « sauver l’honneur », mais rien de plus.

   Tout récit mémoriel public repose sur une morale. Peut-on bâtir durablement une morale citoyenne sur le faux, le mensonger, le falsifié ? C’est, en définitive, la principale question qui est posée dans ce livre.

LES QUATRE VERITES

   La commémoration du 80ème anniversaire de la "rafle du vel d'hiv" le 17 juillet 2022, a donné lieu à un exemple édifiant d'instrumentalisation politique de l'histoire. Devant le flot d'approximations hasardeuses, d'affirmations erronées, d'élisions proférés jusqu'au plus haut niveau de l'Etat, cet usage de l'histoire à des fins idéologiques, cet oubli des règles élémentaires de la recherche historique, ce naufrage de l'histoire scientifique et critique, les auteurs de cet ouvrage, venus d'horizons différents, mais épris d'un même souci de rigueur, ont souhaité redonner sa complexité à une question qu'on ne saurait réduire à une initiative purement vichyste, au point d'effacer les circonstances - la défaite, l'armistice, l'occupation- et le rôle essentiel de l'occupant nazi quasiment absent des discours officiels.

   Cette culpabilisation, ces dérapages des discours commémoratifs s'inscrivent dans une dérive idéologique suscitée par quelques historiens et largement relayée dans les media grand public, dérive qu'il convient également de mettre en lumière et d'analyser.

  • Un cahier photos en noir et blanc, hors-texte.
Jean-Marc Berlière René Fiévet, Emmanuel de Chambost
L'Artilleur
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Fiche technique

Reliure
Broché
Parution
25 janvier 2023
Nombre de pages
324
Hauteur
22
Largeur
14
Épaisseur
2.7
Poids
0.448 kg
ISBN
9782810011544
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