Préface de Gilles Perrault.
PRESENT DU 20 JANVIER 2017 - Pierre Saint-Servant :
Drieu la Rochelle, Brasillach... La chute des maudits dans le domaine public a irrésistiblement entraîné un réveil éditorial l’année dernière. A travers ces hautes figures, c’est toute la vie culturelle sous l’Occupation qui suscite un intérêt renouvelé chez les critiques et les historiens...
- Moraline et prisme grossissant
...Comme il est difficile de s’affranchir de l’habituel prisme déformant sur la période, la quasi-totalité des personnalités présentées sont envisagées par le petit bout de la lorgnette collaborationniste. Leurs prises de positions et leurs écrits ne sont pas remis en perspective dans le climat de l’époque (en tenant compte de la violence de la presse d’opinion, par exemple), et la grande complexité de certains parcours est réduite aux quatre années d’Occupation. Il aurait fallu à Jean-Paul Lefebvre-Filleau troquer son zoom pour un objectif grand-angle…
- Un ouvrage auquel se référer
Mais ne faisons pas d’injuste procès à l’auteur, dont le livre témoigne d’un important travail de documentation lui permettant de brosser plusieurs dizaines de portraits des politiques, intellectuels, hauts fonctionnaires, militaires et voyous qui ont, peu ou prou, tendu la main à l’Allemagne victorieuse. Soulignons des notices particulièrement fouillées de « seconds couteaux », qui échappent la plupart du temps aux spécialistes de la période, tels Robert de Beauplan ou Alain Laubreaux. Sachant s’affranchir ici et là du politiquement correct pour rétablir l’histoire dans toute sa complexité, il n’hésite pas à écrire : « Pourchasser, châtier les collaborateurs, c’est aussi pour les victimes prendre une revanche. (…) Parfois, c’est un moyen d’obtenir un brevet de Résistance pour F.F.I. de la vingt-cinquième heure, d’éliminer un ennemi de classe, un concurrent commercial ou de se débarrasser d’un conjoint gênant. » Dont acte.
A juste distance, Lefebvre-Filleau sait même faire preuve d’empathie pour rendre avec brio le destin héroïque de deux réprouvés : Henri Fenet et Jean de Mayol de Lupé, malgré la radicalité de leurs engagements et tout ce qui l’en sépare. En résumé : un travail honnête dans l’ensemble et qui regorge de très précieuses informations biographiques, très rarement rassemblées en un même ouvrage.
- Un cahier photos et documents en noir et blanc de 8 pages hors-texte.
La poignée de mains de Montoire, le 24 octobre 1940, entre le maréchal Philippe Pétain et le chancelier du III° Reich Adélf Hitler, est le symbole d'une collaboration qui s'annonce entre un pays vaincu et son vainqueur.
Dans son discours aux Français du 30 octobre 1940, le chef de l'Etat français emploie lui-même le terme de collaboration : « J'ai rencontré, jeudi dernier, le chancelier du Reich. Cette rencontre a suscité des espoirs [...]. Une collaboration a été envisagée entre nos deux pays. J'en ai accepté le principe [...]. Cette collaboration doit être sincère.
Par ce discours, les bases d'un rapprochement politique entre les deux pays sont bien jetées. Dés lors, certains pousseront trèes loin leur collaborationnisme avec les nazis, au point d'avoir du sang sur les mains. Ce livre trace le portrait des plus significatifs d'entre eux : hauts ou modestes fonctionnaires, militaires (Raoul Dagostini, Joseph Darnand, René Bousquet...), responsables politiques et économiques (Jacques Doriot, Philippe Henriot dit le «Goebbels » français...), artistes, écrivains, journalistes (Robert Brasillach, Ferdinand Céline, Alphonse de Chateaubriant, Lucien Rebatet...), et voyous (Henri Lafont, André Francis dit Gueule-Tordue », Maurice Solnlen...) se mettent, pour beaucoup, au service de l'occupant.
Un ouvrage passionnant qui s'intéresse aux individualités afin de comprendre comment ces hommes ont glissé, basculé dans la collaboration. Un travail d'enquête minutieux, s'appuyant sur de nombreux documents d'archives.
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Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- 2017
- Nombre de pages ou Durée
- 550
- Hauteur
- 23.5
- Largeur
- 15.5
- ISBN
- 9782268085005