La force de la vérité

    L'HOMME NOUVEAU, octobre 2020 :

   Dans les pages d’entretien de ce dossier, pas de sensationnel, pas de nouveauté incroyable ou de révélations fracassantes.

   Tant mieux ! Ce n’était pas l’objectif du cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, lorsqu’il a publié son livre La Force de la vérité. Cet ouvrage est un recueil d’articles initialement rédigés pour le magazine américain First Things. Les sujets abordés sont nombreux et touchant les fondements de la religion catholique – le Christ, le magistère, les sacrements –, ils éclairent notre actualité. En rappelant des vérités de foi qui parfois ne sont plus enseignées, le cardinal souhaite raffermir les fidèles et leur permettre à la suite du Christ de « rendre témoignage à la vérité » puisque « quiconque est de la vérité écoute [sa] voix » (Jn 18, 37).

   Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le cardinal Müller a bien voulu aborder des sujets d’actualité graves qui secouent l’Église. Malgré les difficultés de notre période, l’espérance est au coeur des propos de celui qui sait et veut nous rappeler que le Christ est vainqueur, non pas à la fin des temps, mais dès maintenant ! C’est avec cette clé de lecture qu’il faut entrer dans cet entretien. Pour rester fidèles aux propos du cardinal, nous avons gardé dans notre retranscription certaines formules très orales. Si le lecteur cherche à approfondir certains points, nous ne pourrons que le diriger vers la lecture du livre .

    PRESENT, Anne Le Pape, avril 2020 :

   D’emblée, le cardinal Müller, qui fut préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi de 2012 à 2017, ouvre son dernier ouvrage, La Force de la vérité, par le rappel des droits fondamentaux de la défense de la vie, si bafoués actuellement dans certains Etats, puisqu’"une personne qui, par exemple, condamne le meurtre des enfants dans le ventre de leur mère ou s’élève contre le suicide assisté, certaine que la vie est un don inviolable de Dieu ", peut être traînée en justice pour le motif d’une prétendue intolérance.

   Parmi bien d’autres thèmes : la mission de l’Eglise qui est de conduire les hommes au Christ et non de s’adapter au monde, le rôle du pape, serviteur de la tradition de l’Eglise, l’incompréhension contemporaine de la nature des dogmes (« Nous vivons dans un état antidogmatique qui exerce un effet très négatif sur la compréhension des sacrements, p. 57) ; le cardinal précise que dire aux catholiques : « La bonne volonté suffit » est un mépris de la foi, dont les évêques ne peuvent disposer à leur guise. Il évoque aussi le célibat des prêtres ou, assez longuement, la situation des divorcés remariés, avec une grande fermeté mais aussi une réelle bienveillance.

   C’est Humanae vitae, l’encyclique de Paul VI parue en 1968, sur laquelle le cardinal s’appuie principalement pour la défense de la vie (il cite en passant quelques autres documents plus contestables). Face à ce qu’il appelle « le tsunami consumériste » des divorces, des avortements, de la manipulation des embryons ou du "mariage pour tous", il rappelle le message de Paul VI : "Soyons contre la mort pour la vie"(p. 90). Les archives montrent combien il a été difficile pour le pape de trouver des formulations portant un enseignement totalement à rebours de la culture dominante, déjà, à l’époque.

   LA NEF, Jacques de Gillebon, 2020