Dreher ne dit finalement pas autre chose que Benoît XVI, qui voulait que l’Église assume son statut de minorité créative, non comme un constat d’échec, mais bien parce que « ce sont les minorités créatives qui déterminent l’avenir ». Dans le Sel de la terre, en 1996, il prophétisait : l’Église « se perpétuera dans de petits cercles vivants, où des gens convaincus et croyants agiront selon leur foi.
Mais c’est précisément ainsi qu’elle redeviendra sel de la terre. L’Église peut précisément être moderne en étant antimoderne, en s’opposant à l’opinion commune ». Position, non de désertion, mais d’avant-garde. Car, concluait la Lettre à Diognète à propos des chrétiens « détenus dans la prison du monde », « le poste que Dieu leur a fixé est si beau qu’il ne leur est pas permis de le déserter ».
___________________________________________________________________________________
VALEURS ACTUELLES - 4 janvier, Laurent Dandrieu :
[...] Pour Rod Dreher, journaliste américain et chrétien orthodoxe, la société moderne est une menace constante pour la foi chrétienne : parce qu’elle tend non seulement à marginaliser, voire à exclure ceux qui s’en réclament, mais aussi à la contaminer. Si l’on n’y prend garde en effet, la modernité déteint sur une foi laïcisée, qui parfois n’est plus grand-chose de plus qu’une méthode d’accomplissement personnel teintée de spiritualisme déiste.
Le remède, selon Rod Dreher ? Ce qu’il appelle, en un essai qui mêle réflexion et enquête de terrain, « le pari bénédictin » : non pas pour transformer tous les chrétiens en moines, mais pour qu’à leur exemple ils ordonnent toute leur vie au Christ. Pour survivre au sécularisme, on ne peut plus se contenter d’aller à la messe le dimanche et de prier en semaine : il faut que le choix des écoles, des loisirs, des moyens de communication, de la profession et du lieu de vie soit subordonné à l’engagement chrétien. Et pour cela, que chaque famille ne vive pas sa foi de manière isolée, mais qu’elles s’agrègent en « communautés de foi » animées par ce “pari bénédictin”.
C’est là que le livre a fait polémique : car dès que surgit le mot “communauté”, pointe l’accusation de communautarisme. Et Rod Dreher n’a pas manqué de s’en voir accuser. Certes, tout pari comporte ses risques, et le pari bénédictin peut dégénérer en repli sur soi survivaliste, ou céder à la tentation de mépriser le combat politique : s’il ne faut en attendre un salut tombé du ciel, il n’y a pourtant aucune raison de s’abandonner sur ce plan-là à un fatalisme défaitiste. Pourtant, pour qui lit honnêtement Dreher, l’accusation est ridicule : car l’auteur n’oublie pas que les chrétiens ont mission d’évangéliser, et que le levain ne peut faire lever la pâte s’il ne s’y plonge pas. Mais il sait aussi que toute conquête suppose une base arrière solide. La tentation surnaturaliste, qui compte sur les seules forces spirituelles pour résister à l’esprit du monde, oublie que le christianisme est une religion personnelle certes, mais aussi communautaire.
Voici un essai décisif, peu consensuel, fruit d'une intuition tenace : les chrétiens vont devoir prendre de fermes résolutions, intérieures et pratiques, pour résister aux fléaux de la modernité.
En effet, comment vivre sa foi dans un monde sécularisé devenu de plus en plus hostile à l'Evangile ? Ce ux qui minimisent le phénomène participent à son accélération, affirme Rod Dreher avec lucidité, sans regrets ni résignation.
Depuis son poste d'observation, ce père de famille, chrétien fervent et journaliste renommé scrute et enquête : quelles sont les racines de la fragmentation de nos sociétés occidentales ? En quoi la sexualité et la technologie déstabilisent l'Eglise ? Pourquoi les sacrifices, la liturgie et la prière constituent les clés d'un réveil ?
Rod Dreher perçoit l'urgence, non pas d'une nouvelle croisade, mais de la conversion des âmes, pour le bien de tous. Avec Jacques Maritain, il invite à être "l'armée des étoiles jetée dans le ciel".
Catégories | Livres Religion Défense de la Foi |
Éditeur | Artège |
Reliure | Broché |
Parution | 2017 |
Nombre de pages ou Durée | 380 |
Hauteur | 20.5 |
Largeur | 13 |
ISBN | 9791033605331 |
Le livre est intéressant sur bien des points et reprend ce que disait déjà John Senior dans "la restauration de la culture chrétienne" paru chez DMM. Cependant, il y a des longueurs par la multiplication d'exemples issus principalement des milieux protestants. Et le Carême concerne aussi les Catholiques ce que l'auteur passé à l'orthodoxie semble oublier. De plus, ce syncrétisme chrétien auquel l'auteur rajoute la communauté juive est assez gênant à la longue.