Cantorix, le forgeron des dieux

    Après Les Douze Travaux d’Hercule, Anne-Laure Blanc a pris plaisir à créer cette histoire à partir du bouclier dessiné par Emma La Mâove, un bouclier imaginaire dont les motifs ont été empruntés à divers chefs d’œuvre retrouvés en Europe par les archéologues.

    Mère de famille nombreuse, Anna Lamblore n’a pas son pareil pour capter les minois des enfants et faire partager leur réjouissante vitalité. Deux illustratrices pour un album : pari réussi !

PRESENT, Rémi Tremblay, avril 2022 : « Nos ancêtres les Gaulois… », la formule est connue ; ce que furent nos aïeux l’est beaucoup moins. Bien que les recherches avancent, grâce à l’archéologie, les historiens savent en vérité fort peu de choses sur ceux que les Romains appelaient les Gaulois, et les Grecs Celtes ou Galates ; ces derniers n’ayant laissé aucune trace écrite permettant de comprendre leur mode de vie. Le public doit, quant à lui, ses « connaissances » à Goscinny et Uderzo. Autant dire que c’est un domaine dans lequel on a tout à apprendre. Et on ne peut compter sur l’Education nationale pour enseigner aux enfants l’histoire de ces peuplades établies de l’Espagne à l’Autriche.

   Question d’intéresser nos chères têtes blondes à ce monde qui précède le nôtre et d’aller au-delà des clichés, la charmante collection jeunesse de La Nouvelle Librairie vient d’accoucher d’un tout dernier livre, Cantorix – Le forgeron des dieux. Fidèle à la tradition orale celte, c’est Cantorix, dont le nom mystérieux orne de nombreuses pièces de monnaie de cette période, qui explique les mythes et légendes de son peuple à Terneg et Enora, avides de découvrir les rouages de leur monde. C’est un bouclier, imaginaire mais plausible, qui sert de point de départ et nous donne la chance de comprendre la vie, mais aussi les croyances de nos prédécesseurs établis en Europe 1 000 ans avant J.-C. Le lecteur est donc convié, par la voix du forgeron, considéré comme « l’artisan des dieux », à revivre en accéléré les sagas de Lug, de Cernunnos, de Brigitt et autres divinités celtes.

   Un bémol doit cependant être apporté : il ne s’agit pas tant d’une histoire instructive que d’un exposé historique amené sous forme de dialogue. Cette nuance mérite d’être soulignée car, contrairement au Brennos publié dans la même collection, ce Cantorix visera un public un peu plus âgé, de 7 à 10 ans. Cela étant dit, l’aspect documentaire est renforcé par un glossaire fort utile aux jeunes, l’auteur Anne-Laure Blanc ayant relevé avec brio les termes sur lesquels les jeunes buteraient. Quant aux dessins, élément majeur permettant d’aller chercher l’attention des enfants, ils sont l’œuvre commune de deux illustratrices, Emma La Mâove et Anna Lamblore qui ont réussi à la perfection leur mission : capter et maintenir l’intérêt des jeunes. Dans les dernières années, nombreux ont été ceux qui se sont scandalisés de la réécriture des œuvres pour la jeunesse, un développement anticipé par Pierre Gripaldi. Mais plutôt que de se s’offusquer sur la Toile de la rectification de la nouvelle Blanche-Neige, de se plaindre de la bisexualité des héros Marvel, on peut contrer tout cela en poussant nos jeunes à renouer avec les mythes de notre peuple, en leur proposant des héros de notre patrimoine. Ce petit livre, à l’instar des autres titres de la collection, remplit parfaitement cette mission.

Recommandé par Chouette, un livre ! - 2022: (Lire l'article en entier)

    "Un beau matin d’hiver, à la fin du IVe siècle avant notre ère, Terneg et Enora, deux petits Celtes polissons, découvrent avec stupeur le magnifique bouclier réalisé par Cantorix, leur oncle forgeron, aidé du bronzier Tritos. Un bouclier extraordinaire, animé de figures étranges…

    Rigantona, la déesse cavalière, est suivie de Cernunnos, le dieu aux ramures de cerf, de Dagda, Brigitt, Lug et Cuchulainn, d’Ogma et Esus… Conteur hors pair, Cantorix va donner vie à ces grandes figures tutélaires et enflammer l’imagination de Terneg et d’Enora. Leurs réparties naïves et leur énergie communicative entraînent les jeunes lecteurs dans le monde si peu connu de la mythologie celte.

    Ce bouclier est un bouclier imaginaire. Ses motifs ont été empruntés à divers objets retrouvés en Europe par les archéologues : char solaire de Trundholm, chaudron de Gundestrup, bouclier de Battersea, statues de Cernunnos, épées et bijoux, mais personne ne sait dans quel alliage il a été réalisé.

    Un glossaire et deux pages « pour en savoir plus » satisferont la curiosité des jeunes lecteurs.

    Pour la petite histoire, le bouclier a été conçu et dessiné par Emma ; cela m’a inspiré pour écrire le texte, et Anna a ajouté les frais minois des enfants, avec leur vitalité et plein de couleurs. Deux illustratrices pour un album : pari réussi !"