Duel sur Mig Alley

PRESENT : Francis Bergeron Article extrait du n° 8294 du 13 février 2015.

   BD 100 % ANTICOMMUNISTE

   En ces temps de « remise en cause des lignes de fracture », comme on dit, qu’il est agréable de se plonger dans ce second tome des aventures de Buck Danny « classic » ! Buck Danny était ce pilote américain qui, en feuilleton dans les pages de Spirou puis avec une grosse cinquantaine d’albums, de la fin des années quarante à aujourd’hui, a affronté successivement tous les ennemis de l’armée US et de l’Occident (du temps où leurs intérêts coïncidaient parfaitement) : ignobles « faces de citron » (Japonais sadiques de la guerre du Pacifique), trafiquants de la mer Rouge et pirates du désert, communistes de la guerre de Corée, staliniens de tous poils et jusqu’aux nostalgiques de l’URSS dans l’Europe postsoviétique.

   Les 44 premiers récits étaient dus à l’imagination débridée du génial scénariste Jean-Michel Charlier. Alain Sanders se souvient très certainement, comme moi, de ce « prix Russie libre de la bande dessinée » attribué à Angoulême dans les années quatre-vingt par un jury dont nous étions membres, l’un et l’autre, ainsi que notre regretté camarade Jean-Claude Faur, et qu’avait accepté de présider, enthousiaste, Jean-Michel Charlier. Nous étions vraiment en pays de connivence !

   Depuis plus de 65 ans, les aventures de Buck Danny continuent à trouver leur public, et une série parallèle vient donc de voir le jour, une série « classic », qui nous replonge dans la guerre de Corée. Le second tome de cette série, qui joue totalement la carte de la nostalgie, nous plonge dans les affrontements entre les pilotes de sabre US et les Chinois et Nord-coréens, avec leurs MIG-15. Cette bataille du ciel coréen, Buck Danny et ses amis Sonny et Tumb doivent la gagner « afin de freiner les délires expansionnistes de Staline », comme l’explique le narrateur. L’affrontement va rapidement prendre l’allure d’un duel au sommet, entre Buck Danny et son team, d’un côté, et l’as soviétique Korsakov, appuyé par le KGB et les traîtres bolcheviques infiltrés à l’ouest, de l’autre.

   Les Buck Danny d’aujourd’hui se battent pour nous, sous d’autres cieux

   Les auteurs de ce second album « classic » s’appellent Arroyo et Zumbiehl. Il faut les féliciter et les encourager, car ils ont su se fondre parfaitement dans le style (forme et fond) du duo Hubinon-Charlier de la grande époque, l’époque que l’on a appelée à juste titre « l’âge d’or de la bande dessinée ».

   « Enfer ! Ces maudits rouges nous tirent comme des pigeons à la foire ! », s’affole Sonny. Mais le colonel Danny, qui synthétise si parfaitement l’esprit de résistance occidentale, lance les mots d’ordre qui sauvent la patrouille : « Ici Danny, restez par deux et protégez-vous mutuellement ! Que chaque équipier veille sur son leader ! »

   Au fond, rien de nouveau sous le soleil : car aujourd’hui comme hier des pilotes, héros de l’Occident, risquent toujours leur vie dans des ciels aussi peu cléments : des Jordaniens, des Français, des Américains… des Buck Danny d’aujourd’hui. Ne les oublions pas dans nos pensées quotidiennes.