L'humour et les souvenirs ravageurs de Bernard Lugan
BOULEVARD VOLTAIRE, Aristide Leucate, novembre 2021 :
Le lecteur ne perdra pas son temps à suivre ces Québécois, Allemands et autres Belges ou Français que l’Afrique disparue de Lugan sut accueillir à bras ouverts.
Ceux qui connaissent Bernard Lugan le reconnaîtront sans peine sous les traits de son narrateur, Henri Nérac. Style colonial old school : chaussettes remontées jusqu'aux genoux, chemises aux plis réglementaires, shorts à deux pinces et single malt. On commande d'ailleurs son whisky en tirant en l'air, deux coups pour un double scotch.
L'auteur du Banquet des Soudards n'est pas du genre à sympathiser avec le premier venu : il choisit ses amitiés dans le cercle restreint des hommes authentiquement libres.
On les retrouve dans ces Nouvelles incorrectes d'une Afrique disparue. Rien que des pièces uniques au cuir tanné : seigneurs de guerre, coloniaux hauts en couleur, soldats perdus qui ont coiffé le képi blanc, vieux Pères blancs en burnous... On les suit du Rwanda à l'Afrique du Sud, du Maroc à la Rhodésie, du Sud-Ouest africain à la Tanzanie. En bons gentlemen, ils mettent un point d'honneur à ne jamais déroger à un certain art de vivre aristocratique.
Comme Lugan, plus drolatique que jamais.