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Jeanne d'Arc
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Colette Beaune

Jeanne d'Arc - Vérités et légendes

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   La biographie de Colette Beaune, Jeanne d'Arc a reçu le prix du Sénat du livre d'histoire.

   2012 marque le 600ème anniversaire de la naissance de Jeanne d'Arc. Née le 6 janvier 1412, elle connaît un destin extraordinaire et inimaginable pour une jeune paysanne. Dans un court ouvrage qui paraît en poche pour la première fois, la médiéviste qui est aussi la meilleure spécialiste de Jeanne d'Arc bat en brèche tous les lieux communs qui circulent encore aujourd'hui sur l'une des plus grandes figures de l'Histoire de France. Objectif atteint qui se conjugue à un vrai bonheur de lecture!

   PRESENT, Anne Le Pape, 15 mai 2020 : Le livre de Colette Beaune, universitaire spécialiste de Jeanne d’Arc, Jeanne d’Arc - Vérités et légendes, vient d’être édité en collection de poche. L’auteur y répond fermement et avec humour aux élucubrations sur la Pucelle :

  • — Pour connaître réellement Jeanne, manque-t-on de documentation ?
  • — Jeanne d’Arc a cet avantage d’être la femme la mieux connue du Moyen Age. On a sur elle une documentation fantastique, car on a les procès : celui de condamnation de Rouen en 1431, à la suite duquel elle est brûlée ; et le procès en réhabilitation de Paris, entre 1455 et 1456, le roi étant à nouveau vainqueur et ayant récupéré toute la documentation à Rouen. Deux procès d’Eglise, mais avec un arrière-plan politique très différent, puisque dans le premier cas on sait d’emblée que Jeanne va mourir, le tout étant de savoir sous quel prétexte, tandis que dans le deuxième cas, on se doute que le roi ne peut pas devoir sa couronne à une sorcière. Des siècles se passent durant lesquels on parle moins de Jeanne d’Arc, en particulier aux XVIIe et XVIIIe siècles où Voltaire écrit sur elle des horreurs qui n’ont aucun fond historique mais ont eu malheureusement un grand succès. Cela se vendait bien sous le manteau, le but étant de faire de l’argent – et Voltaire en a fait avec cela ! Au XIXe, on reparle de Jeanne, de deux façons : on trouve une Jeanne d’Arc de droite et une de gauche. On le constate dans les passages des livres d’école qui lui sont consacrés. Pour la droite, elle est monarchiste, dévouée au roi, et c’est sa piété qui l’emporte dans sa décision. Pour la gauche, c’est une fille du peuple poussée par des raisons « patriotiques », pour simplifier. J’évoque aussi dans mon livre les fausses Jeanne d’Arc, dont Jeanne des Armoises, particulièrement convaincante, qui a fait fortune grâce à sa supercherie, ou les inventions d’un préfet de l’Empire, Pierre Caze, aux prétentions littéraires, qui lance l’idée que Jeanne d’Arc serait la sœur de Charles VII de par l’infidélité d’Isabeau de Bavière. Cela sans aucun fondement historique, évidemment.
  • — N’y avait-il pas du temps même de Jeanne « une mythologie armagnac » et « une mythologie bourguignonne » ?
  • — Mais oui ! Il y a déjà deux Jeanne d’Arc : elle est née côté armagnac, père, famille, village… et vue comme mue par le Ciel pour sauver le royaume de France. Mais la Bourgogne se trouve juste de l’autre côté de la Meuse, les Bourguignons à cette époque sont les alliés des Anglais, c’est de ce côté que vont partir les accusations : sorcière, femme de mauvaise vie, etc. Les Anglais la craignent car elle leur inflige des défaites, grâce à une bague merveilleuse qui leur porte la terreur ; c’est une fille à soldats, ce que l’on retrouve plus tard chez Shakespeare. Mais les Anglais ne parlent pas tant que cela d’elle, pour des raisons évidentes… Les élucubrations contemporaines se fondent notamment sur les mythologies bourguignonne ou anglaise.
  • — On croit généralement que Jeanne a été condamnée en tant que sorcière mais, de fait, quel est le motif de sa condamnation ?
  • — La lecture des actes de condamnation montre bien que les juges ont essayé de plaider la sorcellerie, mais n’y sont pas parvenus. Ils se sont rabattus sur l’hérésie, mais laquelle ? En fait, pour le port de vêtement d’homme. Cela peut ne pas paraître essentiel, mais à l’époque cela l’était, car dans le Deutéronome, livre de l’Ancien Testament, il est écrit que les femmes ne doivent pas porter des habits d’homme. Cela trouble les rôles différents as- signés par Dieu aux hommes et aux femmes. L’accusation de sorcellerie, d’ailleurs, est encore très rare en 1431. Les grands bûchers de sorcières se situent aux XVIe et XVIIe siècles. Au XVe siècle, on trouve plutôt des accusées de magie blanche (facilitant naissances, bonnes récoltes, etc.) plutôt que de magie noire. Les grands procès de sorcières des années 1440 se situent dans les Alpes.
  • — Quel est le rôle exact des Anglais dans la condamnation à mort de Jeanne ?
  • — Il est important, car ils veulent sa mort. Ils en ont peur, tout simplement. Le procès se joue à Rouen, dans un château qui leur appartient. Ils paient tous les frais. Ce sont eux qui se sont chargés du bûcher… Cependant, sur la centaine de juges qui se succèdent, il n’y a que trois Anglais. Jeanne a de fait été jugée et condamnée par des universitaires, parisiens ou normands. C’est la faute de la Sorbonne et de l’université de Rouen. Les Anglais se sont chargés, eux, du côté pratique. C’est pourquoi on trouve sous la plume de François Villon ces vers : « Où est Jeanne, la bonne Lorraine / qu’Anglais brûlèrent à Rouen ? » On voit donc que, dès 1450, on dit que Jeanne, morte depuis une vingtaine d’années, a été brûlée par les Anglais. Pas par nous. Ce qui n’est pas tout à fait vrai…
  • — Ne peut-on dire que les universitaires parisiens et normands obéissaient aux Anglais, dont ils étaient al- liés ?
  • — Oui, bien sûr. Le clergé pro Charles VII était en France du Sud.
  • — Quelle œuvre littéraire ou quel film vous semble exprimer le plus fidèlement le destin de Jeanne ?
  • — Je suis une fanatique de Charles Péguy, tout ce qu’il a écrit sur Jeanne d’Arc, je trouve cela très beau.
  • — Par curiosité, connaissez-vous le moine bouddhiste japonais Otani Chojun, grand admirateur de Jeanne d’Arc ?
  • — Je ne connais pas ce Japonais, mais je suis traduite en japonais. Mes livres sur Jeanne d’Arc sont traduits en de nombreuses langues, portugais, tchèque, italien… Mais il y a une langue dans laquelle je ne suis pas traduite, c’est l’anglais ! 

   L'HISTOIRE  : "un petit bijou d'érudition et de colère qui traque, une par une, les idées reçues sur la Pucelle".

   LE FIGARO MAGAZINE  : "Court, dense, personnel maniant l'humour, l'ouvrage est polémique - aus sens étymologique du terme".

   Peut-on laisser tout dire, tout écrire au prétexte que la « grande » histoire serait parfois trop complexe, ou pas assez « folklorique » ?

   En quelques chapitres courts, incisifs, Colette Beaune bat en brèche tous les lieux communs qui circulent encore aujourd'hui sur la plus célèbre de nos grandes figures françaises.

Colette Beaune
Perrin
1 Produit

Fiche technique

Collection
Tempus
Reliure
Broché, nouvelle jaquette illustrée en couleurs
Parution
2012 - Nouvelle édition mars 2020
Nombre de pages ou Durée
270
Hauteur
18
Largeur
11
Épaisseur
2
ISBN
9782262086558
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