Charles Arminjon ce prêtre qui inspira Thérèse de Lisieux

   Je dirai tout de suite que je n'ai pas cherché systématiquement à établir l'influence qu'eut l'abbé Arminjon sur la pensée et la vie intérieure de sainte Thérèse de Lisieux. Je laisse ce soin aux théologiens. Je ne prétends que raconter la vie d'un prêtre, original certes et très intéressant par lui-même, mais qui mourut près de deux ans avant que Thérèse ne le prît pour maitre spirituel.

   A travers les différents épisodes de cette vie, certains découvriront des affinités, des points de rencontre entre deux tempéraments, deux spiritualités. Au besoin même ils les forceront. En revanche, certains – et je ne les contredirai pas – penseront que l'abbé Arminjon était l'homme le moins fait pour exercer un tel ascendant.

   Or le fait est là ; Thérèse l'a suffisamment explicité :

   A 14 ans, avec mon désir de science, le Bon Dieu trouva qu'il était nécessaire de joindre à « la pure farine du miel et de l'huile en abondance ». Ce miel, cette huile, il me les fit trouver dans les conférences de l'abbé Arminjon sur la fin du monde présent et les mystères de la vie future... Cette lecture fut encore une des plus grandes grâces de ma vie.

   Souvent on voit Dieu se servir pour atteindre ses fins de personnages et de méthodes qui nous paraissent inadaptés. Dieu semble plaisanter et pourtant il parle sérieusement... Qu'il ait choisi ce singulier ecclésiastique pour dicter à Thérèse les quelques pages qui l'embrasèrent n'a donc rien d'étonnant.

   Inversement Thérèse fait connaître l'abbé Arminjon. Peut-être n'est-elle pas mécontente de le rendre utile à d'autres et, plus particulièrement aujourd'hui où tant de gens d'Église paraissent « cafardeux » et « se sentent mal dans leur peau », serait-elle heureuse d'attirer les regards sur un prêtre gai, bon vivant, enthousiaste, rayonnant de sympathie, non sans défauts certes, ayant exercé cependant sur les âmes une influence au moins égale à celle de ses confrères les plus austères. G. Arminjon