Le sang du martyr - Une vie offerte, Siméon François Berneux

    TU ES PETRUS, février 2022.

    PRESENT, entretien d'Anne Le pape, 23 avril 2022 : lire l'article en entier en photos 

   Le Sang du martyr : le titre choisi par le père Delaroche n’est pas anodin. Siméon François Berneux et 23 autres martyrs de Corée de 1866 sont proclamés bienheureux par le pape Paul VI le 6 octobre 1968, Siméon François est canonisé en 1984. Son corps repose dans la cathédrale de Séoul. « Le sang des martyrs est semence de chrétiens », affirmait Tertullien. La Corée eut aussi ses martyrs au XXe siècle : durant la guerre de Corée, entre 1950 et 1953, 50 prêtres, dont 12 des Missions étrangères, furent exécutés ou moururent d’épuisement lors de marches forcées ordonnées par les communistes. Les catholiques représentent aujourd’hui 13 % de la population de Corée du Sud, dont l’actuel chef de l’Etat, Timotée Moon Jaein, est lui-même catholique.

   Cette récente biographie se lit d’une traite, faisant voyager le lecteur dans le temps et l’espace tout en lui apportant une solide provende spirituelle. On regrette seulement certaines remarques de l’auteur, qui tient à se démarquer d’une piété selon lui trop marquée, parfois, par la « mentalité du temps », mettant en garde le lecteur contre certaines attitudes de Mgr Berneux « qui nous choquent aujourd’hui ». Il voit dans certaines réactions de Siméon François « un écart entre deux mentalités : celle du XIXe siècle et la nôtre », ainsi qu’entre « deux approches théologiques de la vie et de la mort humaines », ce qui ne nous apparaît pas si flagrant. Heureusement, selon le père Delaroche, Vatican II a changé tout cela : dire que Mgr Berneux pensait aux pauvres païens qui risquaient l’enfer ! Et qu’il se refusait à faciliter l’introduction en Corée d’un pasteur protestant ! Qu’aurait-il dit, souligne l’auteur, s’il avait appris « que venait de s’ouvrir à deux pas de l’église de son baptême une salle de Témoins de Jéhovah puis une de protestants évangéliques » ? Certes, cela eût fait frémir le pasteur des âmes…

   Cette terre « fertile en vocations jusque dans les années 60 » (ce n’est pas nous qui le disons mais le père Delaroche, p. 76), Mgr Le Saux, évêque du Mans, remarque dans sa postface qu’elle est bien « une ancienne chrétienté dont nous devons reconnaître qu’elle n’est plus chrétienne ». D’où l’intérêt de découvrir des figures à la fois aussi admirables et aussi attachantes que celle de Mgr Berneux que cet ouvrage, nous l’avons souligné, nous rend si proche et si vivant.