Prison de Clairvaux, janvier-décembre 1950.
Au sommaire :
- Dialogue préliminaire
- Le drapeau noir et la croix gammée - La raison du plus fort - Rule Britannia - Saül le baluchonneur- De Socrate à Bousselaire - Le sixième commandement - Devant l'Allemagne éternelle - Croire et comprendre - Le troisième sexe - L'obscurantisme - Le confort carcéral - Roosevelt ,nous voici - Au secours de Clio - L'escarpolette - Les pieds sales - appendice du dialogue N°15, petit pastiche anodin de la liberté - C'est raté - Littérature - Le passé de l'intelligence - Le fléau de Dieu - Amour sacré de la patrie -
- Déjà parus.
MEDIAS PRESSE INFOS, 2018
Lucien Rebatet (1903-1972) est un écrivain, journaliste et critique musical et cinématographique français. Ayant débuté à l’Action française, il rejoint en 1932 l’hebdomadaire Je suis partout. Arrêté le 8 mai 1945, il est condamné à mort mais différents écrivains, de Camus à Mauriac, se mobilisent pour obtenir qu’il soit gracié. Il reste en prison jusqu’en 1952. Il se consacre ensuite à la critique cinématographique et reprend sa plume de journaliste pour Dimanche Matin, Spectacle du Monde, Valeurs Actuelles et Rivarol. Il publie également en 1951 Les Deux Étendards.
Pierre-Antoine Cousteau (1906-1958) est un journaliste et écrivain français, frère de l’océanographe Jacques-Yves Cousteau. A ses débuts, il est 3à l’extrême gauche de l’extrême gauche3(selon ce qu’il dit lui-même dans En ce temps-là) et « le plus voltairien de nous tous » (dixit Lucien Rebatet). Il est aussi un pacifiste convaincu. En avril 1932, Pierre Gaxotte le fait rentrer à la rédaction de Je suis partout, journal auquel il participe activement, en compagnie de Lucien Rebatet et de Robert Brasillach auquel il succède en 1943, prenant la direction du journal. Arrêté à la Libération, il assume ses actes et ses opinions lors de son procès en 1946 au cours duquel l’écrivain Jacques Yonnet, résistant, membre du Parti communiste français, vient témoigner à décharge et déclare : 3C’était un ennemi loyal3. Condamné à mort, sa peine est commuée en travaux forcés à perpétuité grâce à l’intervention de personnalités du monde littéraire ((Marcel Aymé, Jean Anouilh, Jean Galtier-Boissière, André Gide et Albert Camus,…). Il purge sa peine à la prison de Clairvaux. Il est gracié en 1953 par Vincent Auriol. Libéré, Pierre-Antoine Cousteau écrit pour l’hebdomadaire Rivarol et la revue Lectures françaises. Il publie également quelques nouveaux livres. À sa mort des suites d’un cancer en 1958, Le Monde écrit : "Fidèle à son passé, à ses idées et à ses amis, Pierre-Antoine Cousteau n’avait rien perdu de son talent de polémiste ".
Le livre Dialogues de “vaincus” est la retranscription de vingt dialogues que les deux compères pamphlétaires ont échangés au long de l’année 1950 dans l’atelier de lingerie et à la bibliothèque de la Maison centrale de Clairvaux, leur prison. Il en émane une même conviction que ni le doute ni le remords n’ont entamée.
Cousteau – Tu ne vas pas me dire que tu as des regrets !
Rebatet – Non ! Je ne regrette rien. Je me dis simplement ceci : j’ai eu raison de vitupérer les fuyards, les taupes bourgeoises, tous ceux qui se sont tapis chez eux à l’heure des coups durs, je suis satisfait de ne pas être de leur espèce. Exprimé sous cette forme, c'est classique, c'est assez plat et tout de même insuffisant. Il me semble que nous avons le droit de revendiquer notre aristocratie dont la marque est d'abord la liberté de l'esprit, ensuite l'horreur des mythes égalitaires, ce qui nous distingue de l'anarchiste sentimental toujours plus ou moins nazaréen. Une certaine forme d'aristocratie cousinerait nécesseraiment avec l'anarchie....Mais sur un plan supérieur, j’ai dit "non" à la société à l’âge de vingt ans. L’idéal de la fermeté, de la virilité même, n’aurait-ce pas été de résister mordicus aux poussées de fureur, d’enthousiasme, de dégoût qui ont fait de nous les partisans d’une foi politique ?
Cousteau – Pour cela il aurait vraiment fallu être un surhomme. Il n’y a pas de justice. Et cette absence n’est pas limitée à notre cas. Il n’y a jamais de justice. Il n’y en a jamais eu. Il n’y en aura jamais. Du moins sur cette terre. Et comme nous n’avons pas l’infantilisme de donner dans les fables nazaréennes qui relèguent la justice dans l’au-delà, autant se faire une raison. Le Droit et la Justice sont des constructions métaphysiques. Pour peu qu’on décortique un peu le système, on retrouve toujours la vieille loi de la jungle, c’est-à-dire le droit du plus fort. Ça, c’est solide. La société organisée élimine ses ennemis. Les possédants défendent leur bifteck. Le gang régnant anéantit les individus ou les groupes qui l’inquiètent. Lorsqu'on fait de la politique, il faut bien se résigner à se salir un peu les mains. Et il y a des moments où ça en vaut la peine. Il n'atit pas intuile d'essayer d'empêcher la guerre.
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Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- 2018
- Nombre de pages
- 336
- Hauteur
- 23.5
- Largeur
- 15
- Épaisseur
- 1.8
- ISBN
- 9781912452330