Préface de Pierre Mesmer, le l'Académie française.
Beaucoup plus qu'un livre de mémoire, ces lignes respirent la vérité, la simplicité, l'amour....
Monique Eoche-Duval, décorée de la Croix de la Valeur Militaire - fait rarissime pour une civile et bénévole - était l'épouse du chef de la Section Administrative Spécialisée de Champlain (devenu aujourd'hui El Omaria), situé près de Médéa. On disait la "SAS." C'est en 1957 qu'elle a rejoint son époux et resta à ses côtés jusqu'en 1962. Infatigable "adjointe" du Capitaine, les Algériens l'avaient adoptée et affectueusement surnommée "Madame SAS."
Elle raconte, avec sincérité et sans dissimulation, l'aventure de la création d'un village, Sidi Naamane. Sidi Naamane n'était pas un village de regroupement comme les autres. Sidi Naamane était né en janvier 1959 de la volonté des hommes et des femmes du djebel Tiara, lassés de la guerre et assoiffés de justice. Ils avaient trouvé dans la SAS, un coeur ouvert qui aime et une main tendue qui aide. Surgi de rien, Sidi Naamane deviendra, en à peine trois ans, l'un des nouveaux villages bâtis par la France le plus exemplaire. Une réussite, peut-être pas unique, mais qui a prouvé qu'il n'était pas impossible de gagner la confiance des Algériens. Lorsque survint l'indépendance, la population s'opposa à sa destruction, comme il advint de tant et tant de "villages de regroupement", nés de la volonté de l'armée. Mais la SAS. était-elle l'armée ? "La France est le blé... vous êtes les laboureurs ! La France est le ciment... vous êtes les maçons", avait prononcé le capitaine Roger Eoche-Duval aux habitants en quittant Sidi Naamane, avec des accents gaulliens qui en faisait un officier plus proche de Bugeaud ou de Lyautey que des centurions qui alignaient, comme solution, le nombre de "fells" mis hors de combat.
Ce livre, aux antipodes de la geste des centurions rebellés ou des partisans d'une cause, est beaucoup plus qu'un livre de mémoire : "Le bel ouvrage de Madame Eoche-Duval respire la vérité, la simplicité, l'amour de l'autre», comme lui rend hommage, dans la préface, Pierre Messmer, de l'Académie française, ancien ministre des Armées, qui visita Sidi Naamane.
Ce livre est une histoire d'amour pour Sidi Naamane : "Ce que j'ai laissé là-bas n'avait pas de prix : pas de tombe familiale, certes, mais des morts abandonnés. Pas de maison à moi, certes, mais des maisons construites». Des maisons qui se sont agrandies, un village de tentes, puis de torchis, qui est devenu une vraie petite ville, avec ses immeubles collectifs et son collège, comme l'auteur a pu le constater lors de son retour à Sidi Naamane, en septembre 2006.