Préface de Ghislain de Diesbach.
Une comédie humaine sans concession pour ses contemporains, juges, politiques, écrivains et journalistes, acteurs ou témoins de l'effondrement de l'Occident moderne.
L'HOMME NOUVEAU, Stéphen Vallet, janvier 2019 :
[...] journal inédit qu'a tenu P.-A. Cousteau pendant sa captivité, seulement complété d'une excellent appareil critique qui permet de mieux saisir la richesse et les allusions du texte.
On y découvre bien évidemment la terrible vie dans les geôles de la République et on vit au rythme des attentes, espoirs et déceptions du prisonnier. On profite aussi de ses nombreuses lectures, de ses commentaires, d ses jugements ainsi que des souvenirs qui reviennent au long des jours. Ami de Rebatet, il partage avec celui-ci nombre d'idées ainsi que son refus de Dieu et de l'Eglise. Mais il n' a pas chez lui, bien que voltairien, une crispation antireligeuse. Et il y a également chez P.-A. C. le courage d'assumer ses positions, même devant le tribunal. Le résistant communiste Jacques Yonnet témoignera d'ailleurs à décharge.
Véritable document sur une époque dramatique, ce journal est complété par les lettres à son épouse et à son frère, le célèbre commandant Cousteau.
ANNE BRASSIE LIRE SOUS LES SAPINS, Petite sélection dune année de lectures, décembre 2018 :
Journal d’un épuré, prisonnier brillantissime , ancien rédacteur de Je suis partout.
PRESENT, Marcel Gaillard, 28 avril 2018 :
Pierre-Antoine Cousteau était rédacteur en chef de Je suis partout, le premier journal sous l’Occupation. Fasciste convaincu, il collabora par ses articles, fut emprisonné à la Libération, jugé pour intelligence avec l’ennemi, et condamné à mort. Il passera 141 jours à Fresnes à attendre « le petit matin blême », peine finalement commuée au bagne à perpétuité. Jusqu’à sa grâce en 1953, il sera incarcéré à Clairvaux en compagnie des autres « poli-tiques », les intellectuels ayant échappé au poteau, comme Maurras, Benoist-Méchin ou Rebatet, qui formèrent l’école de Clairvaux, comme il y eut celle de Barbizon.
Ces hommes eurent la force de faire de leur prison un lieu d’étude, de méditation et surtout d’écriture. Cousteau affirma toujours que la prison était le seul lieu où un écrivain fut réellement libre, libéré de toutes les illusions et de toutes les contraintes, n’ayant plus rien à perdre ni à gagner. La prison, du moins à l’époque, offre le temps et la solitude nécessaires à l’écriture, mais aussi le recul et la distance, elle durcit et aiguise le caractère, le regard et la plume.
Dans ce journal d’un bagnard libre, il est peu question de littérature et de la détention. Il s’agit plutôt de Mémoires, de méditations sur son pays et son époque, des réflexions cyniques, ironiques souvent, amères parfois, d’un vaincu sûr d’avoir eu raison avant les autres, contre les autres. Cousteau ne se repent jamais, son seul regret est son patriotisme, qu’il juge désormais avec un tel mépris qu’il ne se veut plus Français sinon par la littérature. C’est un irremplaçable document historique sur une époque troublée, voire maquillée, celle de l’épuration de 1944 à 1953, où la France se ment à elle-même, se donne de grands airs et une bonne conscience, impostures que Cousteau dénonce férocement, épinglant joyeusement les résistants du 32 août et la tartufferie des démocraties libérales.
Ce témoignage historique se double d’un témoignage humain : quoi qu’on pense de ses engagements, Cousteau est un dur, qui ne s’apitoie pas sur son sort, qui ne baisse jamais pavillon. Il est impressionnant de tenue dans son mitard, désillusionné sans désespoir, ne perdant jamais son humour, misanthrope viril mais courtois, d’un pessimisme souriant, toujours si soigné qu’on le surnommait « l’élégant de Clairvaux ». Il y a dans son fascisme, malgré tout, quelque chose de noble, une protestation, une colère contre un monde avachi, sans courage ni parole, auquel il se sent étranger, et qu’il méprise de toute son âme pour rester digne de lui-même et de ses compagnons de chaîne. La prison qui libère l’écriture, et la condamnation à mort qui oblige à bien vivre : telle fut l’école de Clairvaux.
Incarcéré à Fresnes le 12 janvier 1946, Pierre-Antoine Cousteau ne retrouve la liberté que le 18 juillet 1953, et son premier acte d'homme libre est d'aller fleurir la tombe de sa maman disparue, à Saint-André de Cubzac.
Mais quelle est donc la vie de ce captif, durant ces 17 mois à Fresnes dont 141 jours aux chaînes, et 7 ans à Clairvaux et Eyneisses ?
Le journal inédit publié ici, soixante ans après sa mort prématurée à 52 ans des suites d'un cancer lié à sa détention, dévoile le rude quotidien du journaliste et de ses compagnons d'infortune, resté droit dans ses bottes et attentif au monde extérieur.
Devenu l'intime de Lucien Rebatet, l'ancien rédacteur en chef de Je suis partout, lit et écrit. Il lit énormément et exprime son bonheur à découvrir Proust, Rivarol, Aymé, Wilde, Shaw, Huxley, Nietzsche, France, Dostoïeski, Machiavel, Hemingway, Anouilh, Laurent, Mohrt, Koestler, etc... et écrit plus encore, "il écrit plus librement qu'il n'eût pu le faire en homme libre" : ses réflexions devant la mort, Dieu, les religions, la démocratie, la poésie, la littérature, le bagne, la fidélité à ses engagements, et son pessimisme souriant se retrouvent aussi en des pensées et aphorismes où se concentrent son regard sur la vie.
Il écrit ce qu'il est. Le résultat, outre ses lettres à son épouse Fernande et à son frère le célèbre commandant Cousteau, c'est ce journal "Intra muros" qui n'est de fait pas un journal comme les autres mais une chronique de huit ans d'éditoriaux du plus haut intérêt.
Fiche technique
- Reliure
- Broché, couverture souple avec rabats
- Parution
- 2017
- Nombre de pages ou Durée
- 484
- Hauteur
- 24
- Largeur
- 16
- Épaisseur
- 3.6
- Poids
- 0.825 kg
- ISBN
- 9782372710848